L’homme Sapience

Stat Crux dum volvitur orbis (La Croix demeure tandis que le monde tourne)

J’ai longuement hésité à dresser le portrait de l’homme Sapience, car étrangement, il est plus difficile de parler d’êtres très proches en raison de l’impudeur dévoilée qui peut jaillir des grandes intimités.

Mais l’homme Sapience a 30 ans aujourd’hui.

Tout juste 30 ans avec cependant la maturité d’un homme qui aurait déjà eu dix vies.

L’homme Sapience, il se balade aussi sur mon arbre généalogique, pas loin de l’homme Baloo avec qui il forme une paire hors pair et pas uniquement en raison de la stature, mais il ne faut pas se fier à la place que les règles en la matière lui octroieraient en raison d’une simple année de naissance. Il est hors cadre, hors règles générales, hors postulat de base, insaisissable et cependant si accessible.

Si un seul mot devait me servir à le définir, ce serait celui de sagesse : l’homme Sapience impressionne avant tout par la limpidité et la profondeur de sa pensée  toujours fournie, étayée, ajustée, développée, allant au bout des choses, n’hésitant pas à entrer dans des sphères différentes pour comprendre, aller toujours plus loin pour enrichir sa réflexion.

L’homme Sapience est mon équilibre intérieur et intellectuel, un frère, un ami. Il garde en toute discussion un calme olympien, là où moi, en moins de deux minutes, je peux monter dans les tours.

Avec lui, je suis rêverie là où il est ésotérisme.

Je suis émotion là où il est lucidité.

Je suis roman là où il est essai.

Il pratique avec brio l’humour familial, et sa grande empathie en fait une épaule et un confident. Rouage essentiel des relations familiales, il crée des liens puissants en faisant vibrer cœurs et âmes à l’unisson sur l’Essentiel et les valeurs humaines.

L’homme Sapience pourrait sembler perché dans sa vie intellectuelle et détaché des contingences matérielles, mais il est concret dans l’action et entier dans ses affections. Il cuisine, bricole si nécessaire, s’émeut devant Bambi et la spontanéité des enfants. Tout en vivant simplement, il apprécie les choses raffinées et on lui connait un faible pour les savons Claus Porto, le café à l’italienne, les toiles de femmes nues, les tapisseries, les gravures.

Sa vision de la vie  d’un réalisme parfois un peu froid pourrait frôler le cynisme, mais qui le côtoie de près et le voit vivre comprend, même si pour moi ce n’est pas toujours aisé, que ce réalisme lui permet de se mettre au service de notre humanité dans toute ses imperfections et ses failles, avec lucidité et charité. Point d’angélisme mais de l’action au service de la réalité, dans un souci de vérité.

Nous l’aurions vu avocat ou magistrat, voire prêtre, mais l’homme Sapience préfère le contact des adolescents en difficulté, tout en préparant une thèse sur le droit de Jérusalem ou un truc dans le genre (il va me tuer car ce n’est pas tout à fait le thème mais comme chacun sait, les sujets de thèse ne sont compréhensibles que par ceux qui les soutiennent), ne manquant ni d’idées ni de convictions pour les aider.

Les relations superficielles l’insupportent, les états d’âme exacerbés l’agacent, les milieux fermés le rendent impitoyable, mais il pourra traverser tout Paris pour aller voir un de ses jeunes en prison ou se porter garant d’une famille en cours de naturalisation.

Royaliste de tradition, Mélanchoniste d’un point de vue social, réactionnaire dans l’âme, il s’insurge violemment contre le système ultra-libéral et les injustices. Souvent là où on ne l’attend pas, il ne cesse de m’étonner par la diversité de ses centres d’intérêts et le temps qu’il peut consacrer pour aider et soutenir ceux qu’il aime, en toute circonstance, même si cela lui pèse ou le dépasse.

Il apprécie la joute intellectuelle et jubile face à la controverse qu’il pousse aisément dans ses extrêmes, ce qui en fait un compagnon de dîner tout à fait passionnant pour qui le découvre.

Souvent fourrés ensemble, on le prend régulièrement selon les situations pour mon mari, mon grand frère, mon amant ou le père de mes enfants (et pas les miens curieusement mais ça c’est un autre sujet).

Rarement pour ce qu’il est : une âme sœur inconditionnelle.

 

 

 

 

 

1 réponse
  1. Gustave
    Gustave dit :

    Un arbre généalogique qui produit des fruits d’exception ma chère Elvire, dont le plus merveilleux tient une plume aussi drôle qu’élégante. Portrait magnifique

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