Le temps des chefs est venu de François Bert

« A la France, pays qui m’a vu naître, me nourrissant de ses siècles d’Histoire héroïque, de ses saints, de sa poésie, de ses splendeurs cachées au coin des paysages et de sa joie de vivre en dépit des épreuves. »

J’avoue tout de go qu’il fallait que je connaisse son auteur, et que je sois sensible aussi bien à son parcours personnel et professionnel, qu’à sa si belle plume de laquelle jaillissent régulièrement quelques vers ou tirades livrés sur facebook, pour que je me lance dans la lecture de ce livre.

Non point que je sois dénuée de convictions politiques ou totalement désintéressée de la chose publique, mais comme François Bert le rappelle si justement, « il y a en France une vraie désespérance politique et sa forme première est l’abandon progressif d’une confiance possible dans les hommes politiques. »

Fort de ce constat, je ne me jette point spontanément sur les livres traitant de politique ou de ses représentants, et ne m’emballe qu’au moment des élections, amusée aussi bien qu’agacée de lire ou d’entendre les débats enflammés que tel ou tel candidat peut susciter sur les réseaux sociaux « bon teint. »

Mais là n’est pas l’objet de cet ouvrage dont le sous-titre annonce d’ores et déjà la couleur : autopsie de la personnalité présidentielle et solutions pour l’avenir.

En brossant dans un premier temps un rapide portrait de la personnalité des présidents qui se sont succédés au cours la Vème République, François Bert va bien au-delà des opinions ou partis politiques, pour dégager les traits de caractère de ce qu’il appelle un vrai chef ou un meneur d’homme.

« Ce n’est pas de talents dont nous manquons, mais de dirigeants, pas de potentiel, mais de direction. »

Le parcours professionnel de son auteur, ancien officier de la Légion étrangère et fondateur depuis 2011 d’Edelweiss RH, qui accompagne notamment les entreprises dans le discernement opérationnel et la mise en place cohérente d’organigrammes via l’analyse des personnalités, se retrouve dans cette étude pertinente et originale.

En un mot, un chef d’Etat doit avoir les qualités d’un chef de guerre : « quand il s’agit de faire la guerre, on s’adapte à une situation que le temps présent nous livre en ayant une capacité de discernement et de conduite ».

Les travers du système électoral conduisent malheureusement à produire toujours les mêmes effets : la mise en avant de communicants, d’hommes ou de femmes du consensus, soumis à la tyrannie de l’image et du court-terme.

Or en politique, comme il en va dans l’armée ou dans une entreprise, la réussite réside, au-delà même des idées qu’elle représente, dans la capacité d’une part à définir des missions autour desquelles vont s’articuler les énergies et compétences de ceux chargés de les mettre en œuvre, et d’autre part à prendre des décisions discernées et nourries du contexte.

Gustave Thibon, dans un texte intitulé « L’autorité et le chef » rappelle très justement que « la notion d’autorité implique l’idée d’un privilège – celui de commander – mais ce privilège fait corps indissociablement avec l’idée de service : le chef sert quelque chose et il sert à quelque chose. (…) Et l’autorité vraie, celle qui inspire l’obéissance, exige qu’il y ait, au-delà des relations personnelles entre le chef et ses subordonnées, une réalité centrale qui les dépasse et à laquelle ils participent ensemble. Il faut qu’ils servent un idéal commun. Là est le fondement de l’autorité  ».

François Bert ne dit pas autre chose quand il nous invite à entrer dans une communauté de missions attachée au bien commun, par l’utilisation juste de l’ensemble des talents et des individus, et en permettant l’émergence de chefs naturels.

Retrouver cette notion de bien commun, dans son acception de ce qui soutient la coexistence des membres de la société et par conséquent leur être même, (ce qui la distingue en ce sens de l’intérêt général plus attaché à l’avoir qu’à l’être), devient donc vitale et les institutions et les pouvoirs ne sont et ne doivent être que des moyens au service de cette fin.

Choisir des représentants politiques, ce n’est donc pas simplement choisir des idées, mais des personnes capables de les mettre en œuvre, de les ajuster au réel, sachant s’entourer et dotées d’une vision et d’une capacité de discernement.

La France regorge de talents qui ne demandent qu’à servir et ce livre en est un exemple parmi d’autres.

Un seul regret en le refermant :  il est trop court !

 

 

 

 

4 réponses
  1. Gustave
    Gustave dit :

    Un billet qui donne véritablement envie de lire ce livre à l’approche de l’élection de notre chef…
    Vos choix et commentaires toujours d’une grande qualité. Avec arguments et autorité. Tentée par l’élection présidentielle Elvire? 2017, peut être pas mais 2022? Une femme de caractère Présidente…

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    • Elvire
      Elvire dit :

      Je ne suis pas un chef mais plutôt un bon second. Mais je mets mon talent supposé au service de qui saura définir et défendre le bien commun

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  2. Caroline
    Caroline dit :

    J’apprécie chère Elvire vos choix, éclectiques, la manière concise et intelligente dont vous tirez la quintessence de vos lectures, vos films et instants de vie. J’admire votre talent et à vous dire vrai je l’envie.

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  3. Hugues
    Hugues dit :

    « La France regorge de talents ». J’en vois un ici, auteur d’un billet humble et pertinent. Magnifique comme toujours.

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