Des âmes simples de Pierre Adrian

« La Foi est une épreuve de la réalité. Il faut éprouver pour aimer. L’intelligence du cœur, voilà le réalisme ».

Déplacement professionnel oblige, j’ai passé pas moins de 7h dans le TGV aujourd’hui ce qui, outre le fait de pouvoir roupiller entre mes appels et mails quotidiens, m’a permis de finir non seulement mon livre en cours mais également d’en écrire un billet dans la foulée.

La preuve vivante qu’à tout évènement pouvant sembler pénible de prime abord, il en ressort toujours quelque chose de positif dès lors qu’on ne focalise pas exagérément sur ses aspects négatifs.

Hasard ou continuité de mes lectures précédentes (à croire que les livres s’appellent entre eux), je suis tombée sur Des âmes simples de Pierre Adrian dont le titre, faisant doucement écho à celui du dernier livre de François Cheng, m’a séduite.

Le dicton qui dit que la valeur n’attend point le nombre des années prend tout son sens en présence de Pierre Adrian. Né en 1991, les bonnes fées de la littérature se sont penchées sur le berceau de cet auteur prodigieux.

Il s’était déjà fait connaitre avec son précédent et premier roman « La piste Pasolini », deux fois primé et dont la critique a unanimement salué le génie.

Il nous revient avec ce livre qui se situe au cœur de la vallée d’Aspe, dans les Pyrénées, au Monastère de Sarrance, étape des pèlerins du Chemin de Compostelle et de tous ceux qui cherchent un refuge, une écoute, un accueil.

Si les âmes de ce livre sont simples, forgées par la vallée, le gave, ses températures et la nature, celle de son auteur impressionne par sa richesse et sa maturité.

Il nous parle cette fois-ci de Pierre, 75 ans, religieux de l’ordre des Prémontrés et curé d’une vingtaine de clochers qui, à 24 ans, a voué son âme à celle de ce monastère dont il est aujourd’hui l’unique moine.

 « Ma pente la plus raide sera de comprendre comment un homme seul tient ici par sa foi ».

Confronté à la solitude, face à la dureté du climat et des montagnes, Pierre lui confie malgré tout sa joie indicible d’être prêtre, d’avoir tout donné, un engagement exclusif.

Dans cette vallée où les pierres des nombreuses églises, souvent vides et désaffectées, hurlent la souffrance des âmes qui y passent, soufflent la paix à ceux qui y cherchent la quiétude, mémoire vivante de la Foi, vivace ou éteinte, naïve ou abrupte, qui a édifié ces lieux, Pierre demeure, fidèle à sa vocation.

La Foi s’est endormie, et pourtant Pierre continue de la donner inlassablement, inépuisablement, auprès des hommes et des femmes au caractère trempé de la montagne, qui l’appellent à toute heure pour un décès, un baptême, des angoisses que la pudeur empêche d’exprimer. Point de grands discours ni de catéchèse forcée, de la bonté, de l’amour, du temps sans compter, la présence toujours.

Un prêtre, plus proche du curé de campagne de Bernanos, que du curé entouré de ses ouailles de Jean Mercier, mais confronté au fond aux mêmes doutes et aux mêmes solitudes.

Un hommage remarquable à ce monastère qui brille comme un phare dans la nuit, qui rend visible l’Invisible, habité par un homme dont la vie pleinement offerte et la joie intérieure témoignent de la sainteté toute simple et de la présence de Dieu.

 

 

 

 

 

 

 

 

3 réponses
  1. Hugues
    Hugues dit :

    Très bel hommage à l’hommage de ces hommes qui donnent souvent dans des conditions difficiles leur temps et leur Espérance sans limite aux paroissiens dont en plus en tant qu’athee je ne fais pas parti. Ce qui ne m’empêche pas de remarquer leur vocation sublime. Et de les saluer modestement ici. Très beau billet

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    • Elvire
      Elvire dit :

      Si avec toutes ces bonnes lectures, votre âme ne tressaille pas vers le très-Haut, il va falloir que je change de méthode 🙂

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