Quelques collectionneurs de Pierre Le-Tan
« Dans cette atmosphère feutrée, chaque objet avait une telle présence qu’il n’avait sans doute besoin de rien d’autre, et surtout de personne. (…) Il devait éprouver une satisfaction éphémère, peut-être absurde mais si grande, d’être entouré des objets qu’on a choisis et qu’on aime. »
Certains livres sont de beaux objets en tant que tels, et celui-ci en fait assurément partie.
Délicieusement émaillé de dessins de Pierre Le-Tan lui-même, avec une couverture en grain cartonnée à double rabat, il est rare en dehors des bandes dessinées ou des livres pour enfants, de pouvoir lire des récits illustrés pour adultes.
Ne serait-ce que pour le plaisir des yeux, ce livre mérite a minima d’être feuilleté pour retrouver ce coup de crayon si caractéristique qui a forgé la renommée de Pierre Le-Tan.
Allié à un indéniable talent de conteur, ce livre offre l’occasion à Pierre Le-Tan, à travers les brefs récits qu’il nous offre d’amis collectionneurs, figures familières ou plus extravagantes, de nous faire partager son goût pour les objets, les libraires, les ventes aux enchères, les tableaux, et ce besoin irrépressible de dénicher la perle rare, point tant par souci de posséder ou de spéculer, que de partir en quête.
Est collectionneur finalement, tout être qui accumulant des objets hétéroclites ou non, peuplés d’histoires ou de souvenirs, a su les assembler pour créer un univers ou un lieu unique.
Le collectionneur se fond avec ce qui l’entoure, tout comme les objets collectionnés vivent à travers le regard de leur détenteur.
Pour qui aime les meubles et bibelots anciens, peintures ou gravures, vaisselles ou souvenirs d’antan, quelle joie de dénicher l’objet qui, à nos yeux, reprendra vie dans son chez-soi : Aristide le piano, Eugénia le buste de jeune fille, Clémence la petite-fille au tableau, Léopold, le garçon joufflu qui lit allongé et qui pesait si lourd que j’avais dû prendre un taxi pour le ramener chez moi … autant de trésors qui ont assisté à tant de drames et joies auparavant et continuent d’assister aux nôtres.
Un monde fascinant que nous dévoile Pierre Le-Tan, où les collectionneurs sont avant tout des connaisseurs et des amoureux de l’art, sous toutes ses formes, un art de vivre dont les plus grands et les plus fortunés ont permis aux profanes que nous sommes de pouvoir s’émerveiller aujourd’hui dans les musées.
« La collection que je connais le mieux est évidemment la mienne. J’ai possédé des milliers d’objets. Mais si la plupart ne sont que des souvenirs, je continue à chercher, à trouver, à acquérir. L’acquisition étant, pour une raison mystérieuse, l’acte le plus important. Collectionner m’est à la fois indispensable et parfois inutile. »
Collectionner sur des sujets chers a toujours été pour moi un besoin, ou plutôt une passion, car la découverte procure une joie réelle. Et si le livre est délicatement orné de
dessins pleins de sensibilité, il devient lui-même objet.
Aristide, Eugenia, Léopold et Clémence… Des objets et bien plus que ça…Tu parles d’eux comme d’êtres qui t’entourent, qui sont le témoin de tes joies et de tes peines. Je me demande souvent si tu n’as pas raison tant ils me semblent indissociables de toi, de ta fantaisie et de ton charme infini. Billet subtil et délicat ma merveilleuse Elvire.