Marie-Antoinette – Correspondances privées

Interpréter Marie-Antoinette pendant plus d’une heure et quart seule en scène est une véritable gageure, d’autant que le sujet pourrait ne rallier qu’un public averti.

Il faut reconnaître cependant que le pari est brillamment réussi.

Tiré de la correspondance privée de Marie-Antoinette réunie dans l’ouvrage d’Evelyne Lever (édité chez Tallandier en 2005) et mis en scène par Sally Micaleff, le spectacle devient une véritable performance théâtrale grâce au talent de Fabienne Périneau.

Uniquement composé de lettres écrites par Marie-Antoinette elle-même, le récit, porté par un décor épuré qui s’efface au profit de la sublime et solaire Fabienne Périneau, nous fait entrer dans l’intimité de Marie-Antoinette à travers un texte chronologique balayant sa vie depuis son mariage (1770 – elle avait 15 ans) jusqu’à sa mort, le 16 octobre 1793.

Je tire mon chapeau à la comédienne que j’ai trouvée remarquable de justesse dans son interprétation et de réussir à nous faire vibrer aux affres, espoirs, attentes d’une Reine mariée si jeune, et qui, dénuée de toute expérience et pouvant paraitre frivole ou superficielle dans les premières années de son mariage, deviendra une Reine digne, aimant son époux, fidèle à ses côtés aux heures les plus sombres, et tentant désespérément de sauver la Monarchie.

Sa dernière lettre, écrite depuis son cachot à 4h30 et adressée à Madame Elisabeth, sœur de Louis XVI, quelques heures avant d’être guillotinée, est absolument bouleversante « C’est à vous, ma sœur, que j’écris pour la dernière fois : je viens d’être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l’est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère, comme lui, innocente, j’espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moments.(…) Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j’ai été élevée, et que j’ai toujours professée ; (…)Adieu, ma bonne et tendre sœur ; puisse cette lettre vous arriver! Pensez toujours à moi ; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants : mon Dieu! qu’il est déchirant de les quitter pour toujours. »

Ce spectacle est d’autant plus formidable qu’il ne s’agit pas d’une lecture mais bien d’une interprétation.

A voir et ne pas manquer. C’est en ce moment au Lucernaire, dans le 6ème arrondissement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2 réponses
  1. Domdom
    Domdom dit :

    Quel doux nom à la pointe de ta plume … Je connais les travaux de qualité d’Evelyne Lever, que j’ai lu avec plaisir.
    Je regrette de ne pas être parisien pour moi aussi voir ce spectacle.
    Tu as du connaître des moments d’émotion

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  2. Hugo
    Hugo dit :

    Billet élogieux et amplement mérité. Fabienne Perineau est d’une justesse et d’une vérité qui captivent un public conquis par sa présence. Un vrai joyau. Bravo.

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