Trois saisons d’orage de Cécile Coulon

« Les hommes estiment pouvoir dominer la nature, discipliner ses turbulences, ils pensent la connaître. Ils s’y engouffrent pour la combler de leur présence, en oubliant, dans un terrible excès d’orgueil, qu’elle était là avant eux, qu’elle ne leur appartient pas, mais qu’ils lui appartiennent. »

Voilà un roman que l’on peut qualifier de puissant, puissance de la nature, puissance de la passion, puissance de la terre.

Une pure saga familiale portée par le rythme de la vie rurale au sein des Trois-Gueules, endroit reculé qui a pris son essor après la Libération grâce à sa roche arrachée à la falaise, attirant les « fourmis blanches » loin de la ville, monde ouvrier se mêlant aux habitants résistant tant bien que mal à la dureté du climat, du lieu, de l’éloignement et qui pourtant, pour rien au monde, ne quitteraient cette terre qui les a vus vivre et mourir.

Deux familles nouent leur destin sur trois générations, celle venue de la ville, et celle des Trois-Gueules, médecins et paysans, enfants accueillis au pays et enfants du pays, autant de subtilités qui créent le rapport à la terre, aux êtres entre eux et à leur légitimité dans ce lieu âpre, où les secrets n’existent pas et à défaut d’être connus de tous, se transmettent comme une fatalité.

La tension monte sensiblement au fil des pages, et l’étau se resserre inexorablement autour de la passion et de la fureur, amplifiées par un espace restreint qui oblige à les contenir dans son for intérieur.

C’est oublier que la nature se charge de contrer les destins et sait se rappeler aux hommes avec toute la violence dont elle sait faire preuve.

Un très beau roman que je recommande vivement pour qui aime les histoires de famille, la complexité des âmes, la dureté et l’âpreté de la nature, le poids des traditions et des croyances.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A tout juste 26 ans, Cécile Coulon signe ici son neuvième livre aux éditions Viviane Hamy.

 

 

 

2 réponses
  1. Dom-Dom
    Dom-Dom dit :

    Je me réjouis de ton intérêt pour la nature, cette maison commune comme dit le papa François. Tu sais que je suis de temps à autre sur Atlantico pour des sujets liés à l’environnement. Toutefois je ne crois pas que nous puissions dire que nous appartenons à la nature. En effet l’homme a été institué (cf Genèse) comme jardinier de la création; il est placé au sommet de celle-ci et doit en prendre soin. C’est le péché qui a rompu
    ce lien et la création toute entière est à son tour blessée. Le nouvel équilibre des relations homme/nature ne peut découler que d’une démarche d’abord spirituelle.

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  2. Gustave
    Gustave dit :

    Le talent n’attend pas le nombre des années et on peut parler de l’essentiel à 26 ans. Cette terre ne nous appartient pas et on l’oublie. Très beau billet remarquablement au service d’un livre qui semble brillant

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