Un Roi Immédiatement de Marin de Viry
« La monarchie m’offre tout ce dont j’ai besoin : un honneur dans lequel je vois le courage, le don, la politesse, le respect de la parole donnée et reçue, la fidélité (…) La monarchie serait une nouvelle géométrie politique dans laquelle la grandeur et l’invisible auraient triomphé de la petitesse et de la banalité visible. (…) La grandeur c’est d’abord une histoire d’amour, une fragilité. Ce trésor ce n’est pas la position que l’on occupe dans la société ou l’idée excellente que l’on a de soi-même qui le gardera. C’est le soin que l’on apportera à ce que l’on aime. C’est le service. La grandeur, c’est servir, parce que servir c’est garder ce qu’on aime. Aussi la grandeur dans une monarchie n’est pas l’affaire des plus grands, mais de tous. »
A quelques jours du premier tour des élections présidentielles, voici une petite pépite littéraire qui rend le bulletin à glisser dans les urnes encore plus douloureux.
Véritable aristocrate de la pensée, pour reprendre un éloge tout aussi mérité rendu par un ami à Patrick Tudoret, Marin de Viry nous livre une réflexion à la fois profonde mais non dénuée d’humour sur la chose politique et qui en ce lundi de Pâques, me fournit un ravissement dont je ne me prive pas.
Il faut croire que son livre fut, soit publié à tirage limité soit couronné d’un immense succès, car il ne me fallut pas moins de trois semaines pour l’obtenir en librairie, ce qui m’a semblé un tantinet un peu long.
L’attente fut cependant à la hauteur de mes espérances, et même davantage, car rien ne me séduit davantage que l’alliage subtil d’une pensée élevée et grave, enrobée et parsemée d’autodérision, un brin sarcastique et dotée d’une lucidité qui pousserait au fou-rire si elle n’était pas aussi réelle.
« Travailler sérieusement, sans se prendre au sérieux », telle est ma grande devise dans le milieu professionnel.
« Dire les choses avec le cœur, sans philosopher politiquement », telle pourrait être celle de Marin de Viry quand il nous parle du Roi en tant que « portier du royaume ».
« Ce qui nous anime est la vie éternelle, et notre condition est la vie mortelle : le Roi est le signe de cette étrangeté, il en témoigne, il englobe l’âme et notre condition, il meurt mais ne meurt pas ».
La Royauté, tout comme l’Eglise d’ailleurs si je puis me permettre ce parallèle, permet de distinguer la Personne de son personnel. En étant ce lien entre le visible et l’Invisible, l’incarnation du Sacré, au service d’une mission qui lui a été confiée et lui survivra après sa mort, le Roi, bien au-delà de sa personne, symbolise une grandeur qui le dépasse et permet à tout à chacun de se rallier.
Suis-je moi-même monarchiste, ou royaliste pour être plus précise ? Je ne saurais y répondre en quelques lignes surtout à l’époque dans laquelle je me trouve, sauf à faire mienne la vision du cœur de Marin de Viry à laquelle j’adhère aisément.
Ce qui me semble certain en revanche, en tant que catholique, c’est que plus nous pénétrons dans le mystère de la Foi, plus il semble illusoire, même s’il n’existe pas de désintérêt pour les choses de ce monde, qu’elles puissent atteindre leur pleine réalisation ou leur pleine transcendance, à la seule perspective de notre vision humaine, sans tourner rapidement dans l’idéologie ou dans le creux.
Marin de Viry parle de « priapisme du nombril » pour décrire nos politiques.
Je serais pour ma part plus attachée au priapisme de l’âme qui, s’il habitait davantage les grands de ce monde, nous rendrait probablement plus bienveillants sur leurs turpitudes.
Marin de Viry est écrivain et critique littéraire, membre du comité de direction de la Revue des deux Mondes
Je ne saurais dire si tu es monarchiste, mais tu es une reine. Dans ta manière de nous faire partager l’intelligence des auteurs dont tu nous parles, avec ce même brio, cette autodérision. Tu es la reine du billet, et à ton tour le « portier » de la culture en ouvrant les portes de pépites que tu partages avec tes sujets. Bravo Elvire pour ce très beau billet
Ce texte est d’une actualité brulante tant les enjeux aujourd’hui sont d’importance première et les « candidats » (restons courtois) sont plus en-dessous encore de ce que nous pourrions attendre.
Aller vers le haut, voilà ce que notre « démocratie » ignore depuis de trop longues années.
Merci aux jeunes générations de ce retour à l’essentiel.
TP