Les Jumeaux Vénitiens de Carlos Goldoni

Totalement enthousiaste est le terme qui me vient spontanément à l’esprit pour décrire mon état à la sortie de la première des Jumeaux Vénitiens, pièce écrite en 1745 par Goldoni et actuellement jouée au Théâtre Herbertot.

Des frères jumeaux, Tonino et Zanetto, séparés à la naissance, se retrouvent fortuitement dans la ville de Vérone à l’âge adulte pour y épouser leurs promises. Autant Tonino, élevé à Venise, est un jeune homme spirituel et raffiné, autant son frère Zanetto, qui a grandi dans une ferme, est un garçon rustre et naïf. De cette ressemblance physique dont tous les personnages sont dupes, vont naitre des imbroglios  et quiproquos en cascade sur fond de mariage arrangé, de bijoux volés, d’argent, de duels à l’épée.

Carlo Osvaldo Goldoni (1707-1793) est un auteur dramatique italien qui a écrit en 20 ans plus de 200 pièces dans différents genres, mais ce sont ses comédies, écrites après 1744, qui assurent sa célébrité.

Avec Les Jumeaux Vénitiens, Goldoni nous offre un Vaudeville du XVIIIème siècle portant un regard moqueur sur la morale et les mœurs d’une époque, dans la pure tradition de la Comedia Dell’Arte, avec notamment les figures traditionnelles d’Arquelin et Colombine.

Cette pièce, notable en elle-même, ne serait cependant si remarquable si elle n’était divinement portée par cette troupe de 10 comédiens où le plaisir de jouer ensemble est visible. Brillamment adaptée et  mise en scène par Jean-Louis Benoît, avec des costumes de Frédéric Olivier, la pièce est jubilatoire par la qualité de ses textes, de ses réparties et du décor.

Deux figures principales se détachent cependant : le personnage de Pancrace, joué par Olivier Sitruk, méconnaissable dans ce rôle qu’il épouse comme un gant.

Et celui des jumeaux, interprété par Maxime d’Aboville, dont le génie théâtral ne cesse de m’émerveiller.

Pour le suivre depuis ses débuts sur les planches, avec notamment Journal d’un Curé de Campagne de Bernanos en 2010, en passant par La Tempête de Shakespeare, The Servant pour lequel il a reçu le Molière du comédien dans un spectacle privé et Un certain Charles Spencer Chaplin, sans oublier ses fameuses Leçons d’histoire de France, écrites et interprétées par lui-même, se confirme et se révèle année après année l’un des plus brillants comédiens de sa génération, dont il ne me surprendrait guère qu’il figure un jour parmi les grands monstres du théâtre dont le nom fleurit sur les lèvres avec respect et admiration.

Maxime d’Aboville ne déroge pas à son talent dans ce rôle qu’il endosse avec brio, interprétant avec autant de justesse le Zanetto rustre, que le Tonino spirituel, concourant à faire de cette pièce un pur régal pour les yeux et les oreilles.

A voir sans hésiter.

2 réponses
  1. hugues
    hugues dit :

    Magnifique, enthousiaste, joyeuse…Elvire, cette pièce? les deux.
    Un spectacle à voir. Si un doute subsistait, à la lecture de ce billet il n’est plus permis.

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