La Rencontre de Françoise Evenou

« Aujourd’hui, dimanche de Pâques, dans le compartiment du train qui me ramène à Paris, je te souris. Je souris car je mesure le chemin parcouru depuis ce jour où je frappais, hagarde, à ta porte. Te rappelles-tu combien j’étais dévastée par ce cyclone imprévisible, brutal, qui avait surgi à l’aube de ma quarantaine ? Quelle détresse intérieure lorsqu’on vit cette crise existentielle au midi de sa vie ! Te souviens-tu de ce qui s’est passé ? »

Rendez-vous était pris depuis des semaines.

A son initiative.

Elle voulait me rencontrer, moi, elle l’espérait. J’avais souhaité la rencontrer, elle, mais c’est elle qui a osé me demander de me rencontrer, moi.

C’est fou comme les petits vélos incontrôlables de notre for intérieur sont puissants : que peut-elle me trouver, serais-je à la hauteur, va-t-elle m’apprécier, me trouver sympathique, intéressante, aurais-je des choses à dire ?

La rencontre a eu lieu, dans un charmant restaurant parisien place Victor Hugo de son choix, j’ai franchi la porte avec appréhension, sensible au cadre, encouragée par l’accueil qui m’a été fait, et je la vois, sourire lumineux éclairant tout son visage, elle m’attendait.

L’auteur de L’Appel des Oliviers, qui m’avait fait l’honneur de m’adresser son livre il y a quelques mois, rayonnait intérieurement de ce que j’avais perçu à travers sa plume. Unicité de l’être qui pose sur les choses et les personnes une bienveillance et une bonté rares, non dénuées de réalisme, une soif de transcendance, sur laquelle nous nous sommes rapidement retrouvées. Elle me parle de château intérieur, de la grâce qui jaillit dans toutes les petites choses faites avec amour, elle me parle de la femme, d’épanouissement, de féminité, autant de choses qui font largement écho chez moi.

Le temps d’un déjeuner, je me sentais boulimique de balayer rapidement le spectre de celle qui m’offrait son amitié, et ce temps est passé trop vite. Comme tous les êtres riches de leur vie intérieure et extérieure, l’infini des possibles s’ouvrait devant moi, et même un débit de paroles soutenu (en ce qui me concerne) n’a pu suspendre indéfiniment cet instant. Il m’a fallu rentrer au bureau, intriguée d’en savoir davantage sur cette fameuse Rencontre qui avait bouleversé sa vie.

Oh j’avais bien compris qui était cette Personne qui avait durablement et profondément changé le cours de sa vie. Ce qui m’intéressait surtout, c’était de suivre cette quête personnelle qui, alors que la vie semblait tout lui offrir, un mari aimant, de beaux enfants, un métier à responsabilité, un cadre de vie agréable, s’est imposée quand tout se fissure à l’aube de ses 40 ans, à la mort de son père. Une explosion, non pas de sa vie familiale ou professionnelle, une implosion intérieure ouvrant sur un vide abyssal et une soif inextinguible de partir à la découverte de son être profond.

Je me suis procurée son premier livre, La Rencontre, publié en 2015, et je l’ai lu d’une traite. Il y a un mystère inexplicable dans ces conversions fulgurantes, qui sont souvent le fruit d’un long cheminement mais s’imposent à un moment donné comme une évidence. Pour Françoise, ce fut dans une abbaye, au cours d’une retraite de quelques jours, que la Rencontre eu lieu, que ses aspirations, ses sentiments, sa vie ont retrouvé leur juste place et ont pris sens autour de Lui.

André Louf, Abbé du monastère trappiste du Mont des Cats pendant 35 ans, a écrit : « une fois que la rétine de notre œil a été éblouie par la lumière de la face de Jésus, elle reste à jamais marquée par elle. Elle ne peut plus se régler que sur elle. Elle la recherche partout, attentivement, amoureusement. Sa vie n’a plus d’autre sens. »

François Evenou a longtemps cherché, et elle L’a rencontré. Sa vie n’a pas changé, elle en a été magnifiée. En construisant cette relation d’Amitié unique et absolument extraordinaire, elle est entrée dans la Confiance, Celle qui permet de développer ses talents, celle qui permet de discerner, celle qui permet d’affronter ses peurs.

Ce texte est court, mais il est dense, riche de cette Rencontre qui lui fait poser un regard renouvelé et amoureux sur son mari, qui fait gonfler son cœur de mère, qui lui donne des ailes pour répondre à l’appel de sa vocation, et qui crée une amitié naturelle entre des êtres qui s’attirent.

Un coup de cœur? assurément, tant littéraire que personnel.

Un seul mot : merci.

Françoise Evenou, j’en avais parlé ici.

 

 

 

 

 

 

4 réponses
  1. Françoise Evenou
    Françoise Evenou dit :

    Chère Elvire, joie de vous lire… régulièrement j’attends vos billets ! et là vous me faites un cadeau précieux : parler de notre rencontre et de La Rencontre ! … oui tout est connecté. C’est moi qui suis chanceuse de vous avoir rencontrée ! moi qui suis émue de voir ce témoignage revivre sous votre belle plume, oui c’est un « magnifique écho » et je vous en suis infiniment reconnaissante
    Françoise Evenou

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