Petit Pays de Gaël Faye
Il est d’usage de dire que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt mais je rajouterai que l’imaginaire nait chez ceux qui se couchent tard.
Je n’ai donc jamais fait mienne cette première partie de l’axiome car pour ma part le moment préféré de ma journée démarre vers 17h jusqu’à des heures généralement assez avancées de la nuit. Ce qui permet donc d’avoir une seconde vie assez intense après le boulot, voire une troisième quand le début de la soirée n’est pas consacré à des sorties ou réceptions, ce qui est assez / trop fréquent.
J’ai donc hier au soir démarré ma troisième partie de journée vers 23h30, munie de cet ouvrage pas trop épais, premier roman, déjà prix du roman FNAC 2016, dont j’avais entendu le plus grand bien dans une émission littéraire (La Grande libraire pour ne pas la nommer), et coup de cœur de la librairie qui se situe quasiment en face de mon bureau. L’auteur, par ailleurs, auteur-chanteur-compositeur était de surcroit fort sympathique.
J’ai donc poursuivi mes voyages nocturnes, passant de l’Ile de Mayotte (Tropique de la Violence dont j’ai parlé dans un précédent billet) au Burundi, petit pays d’Afrique de l’Est jouxté par le Rwanda, le Congo et la Tanzanie. A travers les yeux d’un tout jeune adolescent, né d’un père Français et d’une mère rwandaise Tutsi, nous assistons à l’insouciance de l’enfance, aux turbulences socio-politiques du pays, puis à la guerre civile en 1993 qui opposa Tutsis et Hutus, ses répercussions sur les pays voisins jusqu’au génocide qui a décimé le Rwanda en 1994, à l’anéantissement et l’explosion de sa famille.
Un très beau livre, vraiment, qui n’est cependant pas autobiographique et dont l’auteur ne partage avec son protagoniste que les origines.
« Au temps d’avant, avant tout ça, avant ce que je vais raconter et le reste, c’était le bonheur, la vie sans se l’expliquer. Si l’on me demandait « Comment ça va ? » je répondais toujours « Ça va ! ». Du tac au tac. Le bonheur, ça t’évite de réfléchir. C’est par la suite que je me suis mis à considérer la question. À esquiver, à opiner vaguement du chef. D’ailleurs, tout le pays s’y était mis. Les gens ne répondaient plus que par « Ça va un peu ». Parce que la vie ne pouvait plus aller complètement bien après tout ce qui nous était arrivé. »
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