Les photos d’enfants

Quand nos enfants sont petits, vous remarquerez que l’émerveillement est aisé : sur les what’s app familiaux, les photos sont envoyées, likées, des « oh qu’ils sont mignons » fusent à tout bras, les petites phrases sont répétées à l’envi. C’est la période où les courtes nuits, les difficultés, les fatigues, les doutes s’effacent rapidement devant ces têtes d’ange qui savent vous faire fondre comme personne. Tout le monde s’extasie, cherche des ressemblances. Il marche à quatre pattes ? il s’assoit ? aime les carottes ? il parle ? oh il a une dent ! il est en avance dis donc. Puis viennent les photos des premières rentrées des classes, des cartables, des anniversaires… ça vous tient un forum de discussions à elles toute seules ces photos d’enfants.

Et puis tac… un jour, les photos se font plus rares. Et paf … on a moins de choses à raconter d’un coup. Car LA photo potable de nos ados, elle coûte cher en efforts. C’est le marathon des recommandations : arrête de te tortiller, souris, pas ce sourire benêt merci, un vrai sourire, pas de doigts en V au-dessous de la tête de ta sœur, s’il te plaît tiens toi correctement c’est pour ta grand-mère, et les cheveux, il est possible de les coiffer juste le temps de la photo, non je ne vais pas faire de photos cool avec des oreilles de chat ou des yeux de manga…. Argh, grrrrrr…

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Liberté d’inexpression d’Anne-Sophie Chazaud

Nouvelles formes de la censure contemporaine

« De la tuerie sanglante d’une rédaction de presse satirique à de multiples conférences universitaires supprimées, d’expositions censurées en œuvres expurgées ou modifiées, de procès en lynchages, de lois liberticides en chasse aux phobes de tout poil, c’est toute la sphère possible des modes d’expression les plus variés qui s’est trouvée frappée d’interdits, de pressions et d’inquisitions aussi loufoques que tragiques dans un vaste mouvement de censure polymorphe qui s’est précipité et aggloméré en quelques années.

Entre les injonctions morales du politiquement correct, les revendications atomisées d’individus agitant infantilement leur toute-puissance, la tyrannie inquisitoriale de minorités militantes, le retour d’un obscurantisme religieux violemment intolérant, une accumulation de lois toujours plus liberticides émanant d’un pouvoir politique transformé en chasseur de phobies comme d’autres épinglent les papillons, toute la question qui se pose à nous, est de comprendre comment ces différentes formes de censure s’organisent les unes par rapport aux autres, se complètent, s’articulent et forment un système dont nous tentons ici de mettre en évidence la structure. »

Si un livre est particulièrement criant de vérité en cette période et doit être lu, relu et offert, c’est bien le livre d’Anne-Sophie Chazaud publié en septembre dernier.

« Liberté d’inexpression » quand tu nous tiens, tu es tenace et il faut des actes  d’une atrocité innommable, réitérés sur notre territoire, pour que peut-être les yeux se dessillent enfin et les oreilles se débouchent.

Le « on ne peut plus rien dire », dont j’ai maintes fois usé moi-même en me faisant souvent décrier, devient enfin audible, si ce n’est qu’à bien y réfléchir le verbe « pouvoir » est mal ajusté et doit laisser la place à celui  « d’oser ».

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Ose la petite robe rouge de Françoise Evenou et Emmanuel Bourceret

« C’est miraculeux, oui. Jamais je n’aurais imaginé tout ce que je pouvais accomplir. A quoi ça tient au fond ? Au regard de l’autre. Celui qui vous dit, tu existes, tu comptes à mes yeux, tu as des ressources inestimables, tu es unique. Se risquer, oser. Elargir la définition que nous avons de nous-mêmes. Remplacer les « je dois » par « je décide », les « il faut » par « j’ai envie ». L’approbation des autres ne devait pas être mon objectif. (…) Toute rencontre que nous faisons dans notre vie ne se passe d’un sens secret. Ces relations d’amitié, d’amour. Certaines durent une vie, d’autres ne sont que des étoiles filantes. Et alors ? L’éclat ne brille qu’un instant, oui mais quel éclat, quelle intensité ! Durée, intensité ? Faut-il choisir ? »

Une faible estime de soi conduit à devenir son pire ennemi.

Vous savez, cette petite voix intérieure qui vous susurre « tu n’es pas capable », « tu es nulle », « tu n’es pas intéressante », cette peur qui vous paralyse et vous laisse à penser que, l’« autre », cette entité qui vous entoure, vaut toujours mieux que soi.

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