Lettres à un jeune poète de Rainer-Maria Rilke

« La condition dont vous devez actuellement vous accommoder n’est pas plus lourdement chargée de conventions, de préjugés et d’erreurs que n’importe quelle autre condition. S’il en est qui donnent l’apparence de mieux sauvegarder la liberté, aucune n’a les dimensions qu’il faut aux grandes choses pour connaître la vie. (…) Au fond, le seul courage qui nous est demandé est de faire face à l’étrange, au merveilleux, à l’inexplicable que nous rencontrons. (…) Votre doute lui-même peut devenir une bonne chose si vous en faites l’éducation : il doit se transformer en instrument de connaissance et de choix (…) L’art lui aussi n’est qu’un mode de vie. On peut s’y préparer sans le savoir, en vivant de façon ou d’autre. »

Tous les amoureux de poésie ou de littérature vous diront connaitre ou avoir lu ces fameuses Lettres à un jeune poète, lettres adressées par Rainer-Maria Rilke à un jeune homme, Franz Kappus, lui demandant conseil sur sa poésie. Dix lettres, rédigées entre 1903 et 1908, réunies et publiées en 1929, soit trois ans après sa mort.

Chacune de ces lettres est un petit bijou, et ma pomme, qui cultive un goût immodéré pour les relations épistolaires, tant elles sont par certains aspects la quintessence de ce que la nature humaine offre de plus intime, de plus personnel, n’a pu que tomber sous le charme de ces écrits qui, bien que personnels, revêtent une dimension universelle par la fulgurance des pensées qui y sont développées.

Lire la suite

Les marais de Dominique Rolin

« Il chercha sa mère des yeux : elle était frêle et si sombre qu’elle se confondait avec les rideaux pesants de la fenêtre. Elle ressemblait à un oiseau effrayé. Ses yeux étaient remplis d’angoisse. Alban se demandait depuis combien d’années sa mère vivait dans l’angoisse. (…) Il fut saisi d’un petit sarcasme intérieur à l’idée que c’était elle, ce pauvre oiseau chétif, qui l’avait créé, lui, Alban ; (…) Elle avait chétivement créé des enfants froids et forts. (…) M. Tord avait saisi le fouet qui se trouvait sur son bureau et il le fit claquer trois fois sur les jambes de son fils ; Alban s’écroula sur le parquet. (…) M. Tord balbutia : j’ai toujours fait le bien. Je ne suis pas récompensé ; vous me faites du mal, mes enfants, beaucoup de mal ! (…) Moi, moi, j’ai mis au monde ces pauvres enfants imbéciles ! »

Une femme écrivain, si chère à mon cœur à travers ses mots, a cité tout récemment sur facebook le nom de plusieurs grandes femmes, de grandes femmes de lettres notamment, « assurément toutes différentes entre elles mais qui toutes permettent de mieux lire l’humanité dans son entièreté, et la variété de ses nuances. Avec la lucidité la plus extrême. »

Lire la suite

Célébration du Quotidien de Colette Nys-Mazure

« L’art d’exister en harmonie avec soi-même.

Ce plaisir intime d’être avec soi-même suppose un minimum de confiance, de foi en soi. Des circonstances favorables à la découverte d’un territoire, d’un jardin privé, d’un for intérieur. (…) Etre à soi-même une présence amie. Cultiver un espace où se rassembler afin de donner sans retour sur soi, sans éprouver l’impression d’être vidée, épuisée. Femme suffisamment fortes et apaisées pour ne pas se laisser détériorer. Cette clôture de l’intérieur de laquelle on laisse entrer personne ni rien qui abime et racornisse. Etre une présence, une présence réelle, un vrai silence qui écoute plutôt qu’un miroir qui reflète ou un abîme qui engloutit. »

Apprendre à célébrer le Quotidien est le meilleur exercice de mise en application de la liberté intérieure.

Harmoniser sa vocation profonde avec la vie qui est la nôtre, ici et maintenant, en cessant de se perdre dans de vains combats contre soi et les conditions extérieures de son existence, est la voie royale d’une sérénité et d’une prise de conscience que tout se joue dans les petites comme dans les grandes choses qui s’imposent à nous et que nous ne pouvons toujours contrôler ou éviter.

Ressentir de façon extraordinaire ce qui semble ordinaire, rendre merveilleux ce qui paraître ennuyeux.

Lire la suite

Le corps, un chemin de prière d’Annick Chéreau et Pierre Milcent

« La majeure partie des grandes religions qui ont cherché l’union à Dieu dans la prière ont aussi indiqué des voies pour l’atteindre. Comme l’Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions, on ne devra pas rejeter a priori ces indications parce que non chrétiennes. On pourra au contraire recueillir en elles ce qui s’y rencontre d’utile, à condition de ne jamais perdre de vue la conception chrétienne de la prière, sa logique et ses exigences. D’authentiques pratiques de méditation provenant de l’Orient chrétien et des grandes religions non chrétiennes peuvent constituer un moyen adapté pour aider celui qui prie à se tenir devant Dieu dans une attitude de détente intérieure. » Cardinal Ratzinger

Si ce livre ne m’avait pas été adressé, il est plus que certain que je ne l’aurais jamais ouvert, le thème ne m’interpellant pas de prime abord.

Comme j’ai pu l’exprimer dans un précédent billet, une pudeur instinctive (peur ?) me conduirait à me sentir très vite mal à l’aise à devoir « me mettre en scène » pour prier, surtout en communauté, et le préalable consistant à mettre son corps dans une disposition facilitant l’oraison, par le biais de quelques exercices ou postures corporelles, me gênerait terriblement au point de passer complètement à côté de l’objectif à savoir, en l’occurrence, favoriser la rencontre avec Dieu.

Lire la suite