Loin de toi, je dépéris

Il pleure dans mon cœur

Comme il pleut sur la ville ;

Quelle est cette langueur

Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie

Par terre et sur les toits !

Pour un cœur qui s’ennuie

Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison

Dans ce cœur qui s’écœure.

Quoi ! nulle trahison ? …

Ce deuil est sans raison.

C’est bien la pire peine

De ne savoir pourquoi

Sans amour et sans haine

Mon cœur a tant de peine !

Paul Verlaine

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La guerre civile qui vient est déjà là de Damien Le Guay

« La guerre civile est d’abord culturelle avant d’être sanglante. Elle s’installe dans les cerveaux avant de se servir de Kalachnikov et de bombes. Et chez nous, depuis trente ans, elle s’est développée au sein même du monde culturel. »

Voilà un livre dont je ne sais si je dois le recommander pour la qualité de son analyse ou le mettre aux oubliettes tant en le fermant je n’ai qu’une seule envie, foncer chez Castorama pour trouver une corde solide et me pendre.

La politique de l’autruche est en ce qui me concerne la meilleure des thérapies car un excès de lucidité sans filtre a une fâcheuse tendance à me conduire dans un état de dépression avancée, dont je me demande longuement comment en sortir.

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Hommage à Peter May

La sortie du dernier livre de Peter May, L’Ile au rébus, chez Rouergue, me donne l’occasion de rendre hommage à ce formidable écrivain qui fait date dans ma famille.

Il y a des auteurs comme cela qui, quoiqu’ils écrivent, quoiqu’ils publient, se lisent sans se poser de question, et Peter May, tout comme  notamment Michael D. O’Brien dont j’ai pu parler dans un précédent billet, fait partie de ceux-là.

Ses livres pris isolément ne sont pas tous des chefs-d’œuvre, mais quand on aime un écrivain, il me semble qu’il n’y a plus lieu de hiérarchiser ou de quantifier, et chaque nouvelle parution est une promesse de bonheur de lecture. J’ai donc tout naturellement dévoré son dernier livre ce week-end et me voici donc ce soir à l’essai pour tenter de lui rendre hommage.

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Un Roi Immédiatement de Marin de Viry

« La monarchie m’offre tout ce dont j’ai besoin : un honneur dans lequel je vois le courage, le don, la politesse, le respect de la parole donnée et reçue, la fidélité (…) La monarchie serait une nouvelle géométrie politique dans laquelle la grandeur et l’invisible auraient triomphé de la petitesse et de la banalité visible. (…) La grandeur c’est d’abord une histoire d’amour, une fragilité. Ce trésor ce n’est pas la position que l’on occupe dans la société ou l’idée excellente que l’on a de soi-même qui le gardera. C’est le soin que l’on apportera à ce que l’on aime. C’est le service. La grandeur, c’est servir, parce que servir c’est garder ce qu’on aime. Aussi la grandeur dans une monarchie n’est pas l’affaire des plus grands, mais de tous. »

A quelques jours du premier tour des élections présidentielles, voici une petite pépite littéraire qui rend le bulletin à glisser dans les urnes encore plus douloureux.

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Vis ma vie de bouilloire

Nous avons tous dans nos cuisines un ustensile indispensable, celui sans lequel nous nous sentons totalement démunis, celui que nous avons dû racheter une bonne dizaine de fois et dont il nous semble totalement improbable de vivre sans.

En ce qui me concerne, mon objet fétiche, tant aimé, utilisé chaque jour, matin et soir, et même plusieurs fois la journée durant les week-ends, c’est ma bouilloire.

Ah sacré bouilloire grâce à qui ma vie ne serait pas la même.

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La montagne morte de la vie de Michel Bernanos

« Je me sentais maintenant capable d’agir, même dans les pires situations. Bien sûr mon angoisse était loin de m’avoir quitté, mais j’avais fini par m’habituer à elle, et je pense que c’est cela le courage».

Je ne sais plus par quel mystère ce livre, dont j’avais lu de telles dithyrambes qu’il me semblait absolument indispensable de me le procurer, a été porté à ma connaissance, mais le fait est que je l’ai commandé (en librairie), que je l’ai lu et que je l’ai trouvé époustouflant.

Nous sommes loin ici des livres dont je parle habituellement sur mon blog, mais il serait dommage de ne pas rendre hommage à ce petit opuscule considéré comme « un chef d’œuvre sans équivalent dans la littérature française. »

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Marie-Antoinette – Correspondances privées

Interpréter Marie-Antoinette pendant plus d’une heure et quart seule en scène est une véritable gageure, d’autant que le sujet pourrait ne rallier qu’un public averti.

Il faut reconnaître cependant que le pari est brillamment réussi.

Tiré de la correspondance privée de Marie-Antoinette réunie dans l’ouvrage d’Evelyne Lever (édité chez Tallandier en 2005) et mis en scène par Sally Micaleff, le spectacle devient une véritable performance théâtrale grâce au talent de Fabienne Périneau.

Uniquement composé de lettres écrites par Marie-Antoinette elle-même, le récit, porté par un décor épuré qui s’efface au profit de la sublime et solaire Fabienne Périneau, nous fait entrer dans l’intimité de Marie-Antoinette à travers un texte chronologique balayant sa vie depuis son mariage (1770 – elle avait 15 ans) jusqu’à sa mort, le 16 octobre 1793.

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Trois saisons d’orage de Cécile Coulon

« Les hommes estiment pouvoir dominer la nature, discipliner ses turbulences, ils pensent la connaître. Ils s’y engouffrent pour la combler de leur présence, en oubliant, dans un terrible excès d’orgueil, qu’elle était là avant eux, qu’elle ne leur appartient pas, mais qu’ils lui appartiennent. »

Voilà un roman que l’on peut qualifier de puissant, puissance de la nature, puissance de la passion, puissance de la terre.

Une pure saga familiale portée par le rythme de la vie rurale au sein des Trois-Gueules, endroit reculé qui a pris son essor après la Libération grâce à sa roche arrachée à la falaise, attirant les « fourmis blanches » loin de la ville, monde ouvrier se mêlant aux habitants résistant tant bien que mal à la dureté du climat, du lieu, de l’éloignement et qui pourtant, pour rien au monde, ne quitteraient cette terre qui les a vus vivre et mourir.

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