La montagne morte de la vie de Michel Bernanos

« Je me sentais maintenant capable d’agir, même dans les pires situations. Bien sûr mon angoisse était loin de m’avoir quitté, mais j’avais fini par m’habituer à elle, et je pense que c’est cela le courage».

Je ne sais plus par quel mystère ce livre, dont j’avais lu de telles dithyrambes qu’il me semblait absolument indispensable de me le procurer, a été porté à ma connaissance, mais le fait est que je l’ai commandé (en librairie), que je l’ai lu et que je l’ai trouvé époustouflant.

Nous sommes loin ici des livres dont je parle habituellement sur mon blog, mais il serait dommage de ne pas rendre hommage à ce petit opuscule considéré comme « un chef d’œuvre sans équivalent dans la littérature française. »

Mousse embarqué de force sur un galion où l’équipage et les intempéries ne lui épargnent rien, notre narrateur se trouve rapidement confronté aux sévices, privations, à la torture de la faim et de la soif. Seul rescapé, avec un cuistot qui le prendra sous son aile, d’une tempête qui décimera tout le bateau, il finira par échouer sur une terre inconnue qui deviendra rapidement un enfer. Aventure maritime se transformant en récit initiatique, conte fantastique où un univers aussi fabuleux qu’inquiétant émerge de la roche rouge, tel est dans les grands traits le résumé figurant en 4ème de couverture.

Texte court, les images vous hantent rapidement et il est de ces livres qui vous poursuivent longtemps tant l’univers hallucinant, terre sublime où la nature vibre d’une seule âme égarée, mais où ne subsiste aucune vie humaine ou animale, vous étreint.

Trop en parler est déjà dénaturer ce texte somptueux, qui a valu la gloire posthume de Michel Bernanos, fils de l’immense Georges Bernanos, et qui s’est donné la mort à 41 ans, en 1964, dans la forêt de Fontainebleau.

Un tel livre ne se commente pas, il se lit, dans une barque, sur une île, sous sa couette, dans le noir, peu importe, par crainte de tomber dans ce qu’appelle Juan Asensio dans la préface, la cohorte des « tiques aux flancs des textes dont ils essaient, maigrement, de pomper le sang ».

Un chef-d’œuvre assurément, à lire au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce que pour retrouver à l’âge adulte les ressentis de l’adolescence à la lecture d’un Hitchcock ou de certains livres de science-fiction de Conan Doyle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 réponse
  1. Hugues
    Hugues dit :

    Je n’ose commenter ce billet de peur de le dénaturer….
    L’émotion qu’il procure est à l’image du livre dont il parle. Magnifique et pas à titre posthume;)

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