Lectures pour temps de crise

« Nous devons prendre nos responsabilités » a dit monsieur le Président ce soir et ce n’est pas de la poudre de perlimpinpin. Non, non, non.

Chanceux sommes-nous, notre territoire de 10 km à la ronde peut s’arpenter sans attestation, et nous gardons nos enfants à la maison rien que pour nous, sans pouvoir les partager. Le « non-essentiel » nous est toujours interdit, ce qui est une occasion rare de poursuivre l’expérience de la sobriété heureuse et de la notion de « lèche-vitrine ». Si les Français ont le sentiment de trinquer, c’est sans alcool cela dit. Il a dû avoir une mauvaise expérience monsieur le Président avec une bière partagée à l’occasion d’un repas tiré du sac pour opérer une telle fixette sur la seule fantaisie qu’il était encore possible d’envisager en extérieur entre amis, heu citoyens pardon. Cela m’échappe, mais comme il était vraiment sérieux en insistant sur ce point, je m’incline béatement, acceptant de prendre mes responsabilités.

Je vais donc consacrer ce billet à tous les audacieux, les courageux, les téméraires qui ont vu leur livre sortir en plein Covid et qui me l’ont adressé dédicacé.

Cela ne nous empêche pas de les lire, bien évidemment, en revanche, adieu les promos, les salons, les librairies, tous ces lieux de rencontre qui rendent le livre vivant et contribuent à son partage. Mais comme nous devons rester responsables, ce ne sera pas demain que nous pourrons nous serrer la pince ni même nous claquer la bise, gestes barrières obligent.

Certains auteurs deviennent des amis, des amis des mots à tout le moins, de la pensée, de l’émotion, et je les remercie de tous ceux écrits de leurs mains sur les premières pages, qui me font tant plaisir à lire et rendent l’objet unique.

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Injonctions paradoxales

Je me demandais pourquoi j’avais régulièrement tendance à avoir le cerveau qui vrillait ces derniers temps, et ce n’était pas faute d’en rechercher la cause. Vous me répondrez que c’est la Covid, le confinement, le couvre-feu, etc … tout cela est vrai en partie, mais ce n’était pas que ça. Et euréka, alléluia : je l’ai trouvé l’origine. Elle se résume en une merveilleuse expression qui s’intitule « l’injonction paradoxale », qui n’est certes pas un concept nouveau puisque Georges Orwell en parlait déjà dans 1984, mais dont je n’avais pas fait l’expérience à si grande échelle.

Tout de suite, j’en livre la définition pour ceux qui comme moi n’ont pas en tête la mémoire de tous les classiques : la notion d’injonctions paradoxales correspond au fait que l’on donne deux ordres ou consignes à un individu sans que celui-ci puisse en mettre un à exécution sans violer l’autre, en essayant d’obtenir de lui ce qu’il ne veut pas faire, en utilisant de surcroit des ressorts affectifs ou essentiels pour lui.

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