Parabole de Notre-Dame de Luc de Goustine
« Qu’a fait l’incendie d’en-haut, ce Lundi saint, par son irruption dans cette anatomie monumentale ? Il a fait s’écrouler la flèche à base octogonale qui prenait appui sur les piliers du transept. Celle-ci s’est tordue, détachée de la charpente en feu, a transpercé la voûte par son arc nord : pas à gauche, emplacement du Cœur Sacré laissé intact, mais « au côté », précisément au poumon droit dans lequel le soldat romain, pour vérifier que l’homme était bien mort, a fiché sa pointe de fer. »
Le 15 avril 2019, quelques mots se propagent comme une trainée de poudre : Notre-Dame brûle. Cet évènement a saisi le monde entier, des riverains jusque de l’autre côté de l’océan, témoignant ainsi de l’attachement que ce monument, exceptionnel à plus d’un titre, suscite dans le cœur de tout un chacun.
Pour les chrétiens, ce cataclysme qui intervient dans un lieu si chargé de sens, n’est pas sans revêtir une charge emblématique, voire allégorique, très forte. Nous sommes le lundi Saint, le premier jour de la semaine qui conduit à Pâques, le feu en très peu de temps a embrasé la charpente, la flèche est tombée, les murs menaçaient de s’écrouler. Techniquement, les moyens déployés pour stopper le brasier étaient largement insuffisants, et pourtant l’incendie a pris fin, la tour nord ne s’est pas effondrée, la Sainte Couronne d’Epines et le Saint Sacrement ont été sauvés.
Dans un laps de temps comme suspendu, s’est opéré un carême en accéléré où le mot « miracle », qui a fleuri sur les lèvres, est venu témoigner de la Résurrection.
Tirer des conclusions prophétiques d’un tel évènement venu frapper les esprits et les âmes serait probablement présomptueux. Toutefois, il serait dommage et, par-delà, bien matérialiste de faire fi de toute la symbolique dont est chargé le monument. C’est ce chemin que nous invite à prendre Luc de Goustine dans son livre Parabole de Notre-Dame : « Notre miracle a donc été ici le « petit spectacle », « le coup d’œil » voire « clin d’œil » qui permet d’accéder un instant à l’évidence des voies divines.
Les voies divines s’inscrivent dans un temps qui n’est pas le nôtre mais qui traversent les millénaires. Elles relèvent du Mystère qui nous dépasse et nous transcende totalement, tout en étant annoncées puis incarnées par le Christ et son Eglise. Nos cathédrales, chapelles, basiliques, églises ne sont pas ainsi de simples bâtiments, toutes leur forme, leur structure, leur orientation, leurs statues, leur vitraux, l’emplacement de l’autel, sont autant d’occasions de nous faire pénétrer dans les desseins de Dieu, d’entrer dans les temps messianiques, de participer à l’annonce du Christ, sa venue, sa mort et sa résurrection.
A la lumière d’un regard eschatologique, l’incendie de Notre-Dame nous ramène ainsi dans un temps spirituel qui doit nous réveiller comme une parabole des fins dernières. Du parvis à la nef, du transept à l’autel, il nous est donné de lire l’histoire sainte, inscrite dans l’Ancien et le Nouveau Testament, et ce feu destructeur qui saccagea Notre-Dame doit pouvoir changer nos cœurs vers un renouveau. Le Très-Haut n’a pas dit son dernier mot.
Auteur de travaux littéraires, dramatiques, politiques et historiques, diplômé de l’École pratique des Hautes Études, traducteur de Shakespeare, Marlowe, Synge, Eich, Merwin… et des troubadours occitans, Luc de Goustine est aussi un commentateur fervent de l’art sacré et de la Sainte Écriture.
La Lumière se manifeste de bien des façons, et notre regard « manque à la Lumière ».
Il est des écrits qui nous aident à mieux voir et mieux comprendre.
Chère Elisabeth,
Cette méditation brève, intense et juste relève bien l’essentiel du message : Dieu nous donne à lire les signes de sa Providence. Grâce qui semble effaroucher aujourd’hui, même les croyants. Mais Sa Parole est sans repentance est s’est incarnée parmi nous.
Alors laissons nous guider…
Merci, Elisabeth.
Magnifique billet qui rappelle combien ce drame a ébranlé croyants et non croyants. Appartenant à la deuxième catégorie, « le miracle » de Notre Dame qui a été sauvée pose bien des questions. Le très haut, dont je doute hélas tant…, n’a pas dit son dernier mot…. J’écoute je m’interroge
Bravo elvire