Peur ou pudeur?
Dans cette froideur apparente il y a de la pudeur, et les sentiments vrais en ont besoin. Alfred de Vigny
Lorsqu’on vient d’une famille où, pour la plupart d’entre nous, les émotions les plus exacerbées sont celles qui se manifestent dans les pirouettes intellectuelles et les jeux de mots, où les flottements de vie sont balayés par le rire et la tristesse vécue dans son intimité, il est vrai que nous ne pouvons qu’être décontenancés devant des natures qui sont tout émotion, où les larmes sont prêtes à jaillir à la moindre occasion et qui manifestent leur enthousiasme par explosions de gestes et de paroles.
Avec le temps, les lignes ont certes bougé, les paroles se sont déliées, les gestes sont devenus plus spontanés et des « bonjour ma fille que j’aime » ou des « mon frère que j’aime » ont remplacé (parfois) les sempiternels « allô oui j’écoute ? » exprimés d’une voix de fausset ou les « ouiiiiii ? » idiots qui masquent d’emblée une confidence jetée rapidement.