A Paris chez Antoinette Poisson
L’art de la dominoterie
Passionnée par tout un tas de sujets qui dépassent largement la littérature, il me tient à cœur en ce moment de rendre hommage aux créateurs ou aux créations d’exception, que ce soit de grandes maisons ou des entreprises plus récentes, qui ont pour point commun de transmettre ou faire revivre un savoir-faire artisanal, témoignage exceptionnel d’un savoir-vivre et d’un savoir-être à la française.
On ne m’ôtera pas de l’idée que le café est meilleur dans un joli mug, ou que les mots couchés sur du beau papier sont plus agréables à lire. Luxe ou raffinement, superficialité ou inutilité, tous les goûts sont autorisés, mais à titre personnel, je suis particulièrement sensible à une ambiance, une atmosphère, aux objets qui nous entourent, non par goût immodéré de la possession, mais parce que ces petits riens qui forment le tout dans lequel nous évoluons, respirons, posons nos regards, vivons au quotidien, participent à l’unicité de notre être, cette sensation de se sentir chez soi et en harmonie. Ce qui est vrai en littérature ou en musique, l’est aussi dans les objets, et lorsqu’une sculpture, une gravure, un tableau, un meuble ou même un simple bibelot trouve sa place chez soi, il porte en lui ce lien indirect avec ceux ou celles qui l’ont précédemment détenu, vous l’ont offert ou qui l’ont créé dans l’intimité de leurs ateliers.
J’avais déjà parlé il y a quelques mois de la boutique Marie-Antoinette et de ses parfums de niche, située dans le Marais.
Je vous ai parlé tout récemment de l’officine Buly 1803 et de ses cosmétiques d’antan située dans le quartier Saint Germain.
J’aimerais vous parler aujourd’hui d’Antoinette Poisson et de dominoterie.
La dominoterie est la conception et la fabrication de papier peint imprimé, appelé aussi « papier dominoté » ou « domino ».
Merveilleux héritage des arts décoratifs du XVIIe et XVIIIe siècle, ces feuilles de papier d’environ 30×40 cm, décorées de petits motifs répétitifs, étaient principalement utilisées pour la couverture de livres en attente de reliure ou pour relier les livres brochés. Elles servaient également pour garnir des boîtes et des coffrets ou à la décoration murale de pièces de dimension réduite comme les corridors ou les alcôves.
La beauté de ces papiers était tout d’abord due à l’utilisation de papiers vergés pur chiffon fabriqués à la main. Les contours des motifs étaient imprimés directement sur le papier brut grâce à une planche de bois gravée, puis colorisés aux pochoirs ou peints à la main.
Ces papiers décorés ont progressivement disparu à la fin du XVIIIe siècle avec l’invention du papier continu (rouleau) par le français Louis-Nicolas Robert, qui favorisa le développement du papier peint au XIXe siècle.
Créée en 2012 par trois restaurateurs du patrimoine spécialistes du papier peint, l’entreprise A Paris chez Antoinette Poisson, (nom donné en hommage à la Marquise de Pompadour, née Jeanne-Antoinette Poisson, grande amatrice des arts et notamment de papiers peints), s’est installée au cœur de l’ancien quartier artisanal de Paris, rue Saint Sabin.
A travers ces papiers dominotés fidèles à l’esprit esthétique et aux techniques artisanales de l’époque, c’est tout le charme des décors intimistes du XVIIIe siècle que nous découvrons avec, pour ma part, un ravissement non feint.
Travaillé à la main, chaque domino est donc unique, et c’est feuille par feuille, selon les mêmes méthodes que les maîtres dominotiers de l’époque, qu’il convient de les assembler pour revêtir un mur.
Ces papiers dominotés sont absolument remarquables car ils témoignent d’une richesse de création foisonnante et d’un savoir-faire artisanal de grande qualité, quasiment disparu aujourd’hui. Chaque domino est en lui-même une œuvre d’art.
Les modèles se déclinent aussi en tissu pour recouvrir des tabourets ou des coussins.
Antoinette Poisson propose aussi, un peu comme autrefois, des objets manufacturés : boites recouvertes de papier, enveloppes, carnets …
Il est possible de se procurer des dominos à l’unité et de les encadrer.
A noter cependant qu’il n’est pas possible d’aller sans rendez-vous dans leur manufacture, mais vous pouvez retrouver leurs papiers, objets ou tissus chez certains revendeurs, et notamment au Bon Marché, ou simplement les admirer sur leur site ici.
Ah, je ne pourrai désormais plus me passer de votre blog que je viens de découvrir, un ravissement à chaque page !
Merci pour tant de délicatesse.
C’est plus qu’adorable ce que vous m’écrivez. Merci de me lire et du temps que vous y consacrez
C’est plus que mérité 😉
Les bonnes adresses d’elvire
Merci pour cette nouvelle pepite
Je ne connais aucune femme comme toi, si raffinée et sensible au moindre détail susceptible de changer du tout au tout.
Une source pour moi d’incompréhension autant que d’émerveillement J’ai appris avec toi l’importance d’un mug, d’un emballage, qui fait passer Musset pour un petit joueur… Sans flacon, point d’ivresse? Pour toi c’est vrai et j’adore.
J’aime vos mots sur n’importe quel support. Ils me toucheraient même sur du sopalin cependant je reconnais qu’une carte raffinée, une enveloppe élégante et une écriture racée leur confèrent une autre dimension. On passe du texto au souvenir qui traversera les époques pour devenir un moment d’histoire. Inoubliable