J’ai bien souvent de la peine avec Dieu
Correspondance entre Marie Noël et l’Abbé Mugnier (1918-1944)
« Monsieur l’Abbé, rencontrant l’Index, je me suis inclinée là plus bas qu’ailleurs avec une crainte religieuse et la terrible question est que je n’arrive pas à concilier ensemble mon amour des lettres et les exigences de ma foi (…). Dois-je forcer tous mes scrupules, au risque de laisser pénétrer et demeurer dans mon esprit quelque impression malsaine, quelque idée inquiétante dont j’ai bien de la peine à me délivrer ensuite et à laquelle je crains parfois de m’accoutumer trop et de me plaire ?
Mademoiselle, je veux que vous restiez catholique, mais une catholique rayonnante, joyeuse, s’il est possible, et trouvant dans sa foi l’aide, l’élan et non l’obstacle. (…) Vous voulez vivre mais vous avez peur de vivre. Considérez la Religion comme une source de vie. Votre esprit est toujours en conflit avec une certaine conception, morale, religieuse, dont vous ne vous êtes pas affranchie. Vivez au jour le jour et ne vous posez pas toutes ces questions subtiles. Vous réfléchissez trop avec la raison. »
Ces quelques lignent résument assez bien le ton et la tonalité de l’abondante correspondance qui débuta en 1918 entre Marie-Noël et l’Abbé Mugnier, jusqu’à la mort de ce dernier en 1944.