Parce que c’était la fête des mères

Ode à la Maternité

Ce qui est amusant dans la fête des mères, c’est de réaliser qu’inexorablement le temps passe, autrement dit, qu’on vieillit.

Chaque fête des mères est l’occasion de relire sous la plume des mamans à quel point elles sont « enchantées » des colliers de nouilles, poèmes ou autres bricolages confectionnés par leur chère progéniture. Mais il faut reconnaître que vient un moment où nous finirions presque par regretter le temps des pots de yaourts transformés en pots à crayons lorsque le fameux présent, bien que plus ravissant ou voué à être conservé plus longtemps, est acquis en magasin avec leur argent de poche.

Car qui dit aller dans les boutiques où dépenser ses piécettes amoureusement accumulées, signifie aussi que nos enfants grandissent et que par voie de conséquence, nous prenons de la bouteille. Espérons un grand cru, un vin qui s’est peaufiné avec le temps ou un millésime d’exception, mais l’année de notre naissance devient vite un collector, surtout à travers leurs yeux.

J’en veux pour preuve toutes ces musiques qu’ils écoutent dont le nom même du chanteur est une grande inconnue, ou le style de vêtement qu’ils rêveraient de porter. Cependant, ils vivent sous notre toit nos bien aimés chérubins, ils n’ont d’accès illimité à rien, n’allument pas la télé sans permission et ne surfent pas sur internet :  ils devraient donc écouter Vivaldi, citer Weil dans le texte et porter des chaussures en cuir à brides.

Fi diantre, les ingrats, ils vous citent des youtubers inconnus au bataillon, osent vous dire que vous écoutez de la musique triste, vous parlent d’applications de smartphone dont vous ne connaissez que vaguement l’utilisation, ne lisent que de la Fantasy (sous-entendu, vous ne pouvez les conseiller sur rien dans ce domaine), ne veulent porter que des Stan Smith et vous citent des noms de magasins dont vous ne soupçonniez même pas l’existence. Ils vous parlent d’écologie, maitrisent à la perfection les notions de tolérance et de racisme, peuvent vous citer toutes les fêtes religieuses multiconfessionnelles, parlent de leur foi en toute décomplexion, vous invitent à acheter des produits sans huile de palme, vous font des cours sur la nourriture équilibrée, connaissent mieux que vous la fréquence des contrôles médicaux obligatoires, se déplacent en trottinette et voudraient que vous fassiez pousser des radis sur le balcon. Ils savent présenter leurs envies comme des hommes politiques, arrivent à vous faire courir partout pour rencontrer un nouveau prof de danse tellement fabuleux, ou changer d’activités (grrrrr). Vous réalisez un soir que la quantité de pâtes usuelle ne nourrit plus qu’un seul enfant, que les chaussures sont passées de la taille 34 à 36 d’un coup, et que vous avez beau appuyer sur la tête pour arrêter la croissance, le pantalon ne ferme plus.

Il faut bien l’avouer, il est fréquent de se sentir en dehors du coup, totalement hasbeen en fait, voire dépassée et comme dirait Florence Foresti, il y a des matins où nous faisons le joyeux constat que la peau se défroisse moins vite ou que nous ressemblons de plus en plus à notre mère.

Nous vivons une époque moderne.

Et pourtant … les années passent, les agendas se remplissent, les journées se terminent de plus en plus tard, mais une chose demeure, pour ne pas dire augmente jour après jour : la joie inépuisable et inextinguible de les voir grandir, s’affirmer, murir, raisonner, vous tenir tête en vous prenant au filet de vos propres incohérences, vous parler d’eux, de leurs amis, du sens de leur vie.

L’amour maternel a ceci d’extraordinaire qu’il est viscéral :  il est don, entier, plénier, total, ancré profondément dans ses chairs, entièrement offert.

La fécondité des mères est sans limite car elle jaillit de l’intérieur et se nourrit sans fin de ces précieux cadeaux, ces mystères cachés, ces âmes en éclosion qui nous sont confiées et dont il nous faut prendre soin comme s’il s’agissait de délicats secrets ou de fragiles vérités.

Les mamans souvent vacillent, doutent, tombent d’épuisement, se transforment en harpie, affichent quelques cernes mais elles restent le magicien de leur foyer, faisant régulièrement sortir le lapin magique du chapeau pour faire briller ou allumer la flamme intérieure de leurs enfants. Madame Loyale.

Chaque jour, il faut remettre l’ouvrage sur le métier, se réinventer, transformer le quotidien en une nouvelle découverte, accepter de passer aux crèmes anti-rides, mais quelle joie, oui, quelle joie !

Alors bonne fête à toutes les mère-veilleuses, les mères courages, les mère-veilles, les mères dévouées, à toutes ces mamans qui vont de l’avant et gardent le cap.

Et bonne fête à la plus importante de toutes les mamans : la mienne

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