Le Feu follet de Pierre Drieu la Rochelle

 « Les drogués sont des mystiques d’une époque matérialistes qui, n’ayant pas la force d’animer les choses et de les sublimer dans le sens du symbole, entreprennent sur elles un travail inverse de réduction et les usent et les rongent jusqu’à atteindre en elle un noyau de néant. (…) Un homme ne peut se maintenir continuellement dans la lucidité où il voit les dernières conséquences de ses habitudes. Il retombe dans le clair-obscur quotidien où il contrebalance d’espoirs et d’illusions le progrès de ses actes. (…) Il n’osait pas lui protester que la vie était bonne, faute de se sentir en possession d’arguments bien aigus. »

Auteur controversé de par ses idées politiques, Pierre Drieu la Rochelle fait partie de ces auteurs tels Morand, Céline, dont la presse emplie de bons sentiments s’empare avec délectation pour créer une polémique enflammée autour de la légitimité de les rééditer ou les lire de nos jours.

Interrogé en 2012 par le Point, Jean-François Louette, directeur de l’édition des œuvres de Drieu la Rochelle au sein de la collection La Pléiade, indiquait : « Drieu est quelqu’un qui n’est pas certain de ce qu’il est, qui tente des explorations de lui-même à travers le roman. Il n’est pas de mon bord politique, je suis venu à Drieu « malgré tout ». Il y a en effet chez lui quelque chose que j’ai appelé dans la préface un « charme quand même », qui réside, à mes yeux, dans une forme d’imperfection séduisante. Le charme de cette œuvre vient, pour moi, de ce qu’elle est tout entière placée sous le signe de la contradiction : entre romantisme et cynisme, entre satire et charité. Le grand romancier est d’abord celui qui a des bonheurs d’expression, qui manifeste un art stylistique. Or il y a des phrases admirables chez Drieu. »

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