Tout le reste est silence de Jean Montaurier

« Là où ma foi chancelle, ce n’est pas sur la réalité de votre existence, mais (mettez vous à ma place) sur votre volonté de nous laisser souffrir. Et c’est bien là que Satan m’attendait… Il est là, vivant et attendant, dans le détail des pensées de ma vie. Lui non plus ne me fait pas de signes. Mais je le sens. Vous, je ne Vous sens pas. Ou bien est-ce vous sentir assez que résister au mal et de faire semblant, de tout son cœur, de croire. Comme je fais …

Oui, mon vieil homme est mort, la première âme que Dieu confiée à mes soins. Or un jour je compris tout d’un coup que ce vieil n’était pas un saint. Il lui manquait la Joie … (…) Ils ne furent pas des saints parce qu’ils avaient souffert mais que pendant leurs nuits épouvantées, ils attendaient l’aurore et qu’ils étaient un peu le Christ ».

Quelle merveilleuse découverte que ce livre tout à la fois, roman, témoignage et cri du cœur d’un prêtre.

Edité en 1969, vous ne pourrez trouver cet ouvrage malheureusement que d’occasion, mais si vous arrivez à vous le procurer, c’est vraiment une pépite. Chaque mot est comme une déflagration de la foi qui loin d’être une chose rationnelle, évidente, facile à définir et à vivre, est pourtant une chose toute simple, limpide, qui ne demande qu’à unifier toute une vie pour ne laisser que l’essentiel : la Joie. La Joie d’être aimé infiniment, la Joie de se savoir sauvé, la Joie de comprendre que rien n’est vain, et que même dans la nuit, au bout, il y a l’aurore.

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Le droit hiérosolymitain dans l’Orient latin du XIè au XVIè siècle de Louis-Marie Audrerie

Les Assises de Jérusalem

« La venue des Francs en Orient fait suite à cinq siècles de pression hégémonique de l’islam naissant mais surtout à l’appel des papes à la délivrance des Lieux Saints. L’unique désir, alors exprimé, était de porter secours aux chrétiens d’Orient, population encore très largement majoritaire, et de délivrer le Saint Sépulcre menacé. (…) Les territoires délivrés étaient la récompense de tous les pèlerins armés, un véritable bien commun, et celui des chrétiens d’Orient et des Syriens. Ainsi, en parallèle de l’organisation féodale, assurant la première barrière militaire, s’est adjointe une organisation des cités, indépendantes de la féodalité, où se sont installés les hommes libres. pour établir cet état de fait, il semble en tout état de cause, que le droit opposable à une si grande diversité de personnes fut bien mis par écrit dans des chartes et approuvés par tous. Ce droit des premiers temps était alors (…) les Assises. « 

Il est heureux que de jeunes étudiants en histoire du droit, dotés de cet esprit de curiosité et de rigueur qui leur permet d’endurer pendant des années une vie quasi monacale d’archiviste et d’analyste, prennent encore un immense plaisir à emprunter les chemins de traverse qui les conduisent vers des voies encore inexplorées ou si peu, pour en faire l’objet de leur thèse. Et il est encore plus heureux que des éditeurs acceptent de les publier afin de porter à la connaissance du grand public tant de richesses à la fois juridiques et historiques.

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Vie d’Hildegarde d’Aurore-Marie Guillaume

« Prêchant et regénérant les âmes fatiguées sur son passage, elle s’enfonce loin vers le nord. elle y découvre un autre monde où la nuit dure plus longtemps que le jour, où le givre couvre encore les branches en plein midi. Peu à peu, son corps s’habitue au froid, son regard s’ouvre à la beauté des paysages et s’émerveille de la manière dont les hommes y vivent. Dans cet univers cristallin, ses visions cessent, car elle ne fait désormais plus qu’un avec la volonté divine. (…) Elle possède un savoir encyclopédique des connaissances de son temps aussi bien en sciences naturelles qu’en médecine. Beaucoup proviennent de ses propres observations qui sont de nos jours encore source d’inspiration, fondées sur une recherche d’équilibre sans séparation entre âme et corps. »

Contemporaine de Bernard de Clairvaux qui fut son protecteur, d’Aliénor d’Aquitaine avec qui elle entretint une abondante correspondance, d’Abélard avec qui elle s’opposa sur une vision purement rationnelle de la foi, Hildegarde de Bingen, religieuse bénédictine, ne cesse de nous interroger par sa nature d’une richesse incomparable.

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