Vie d’Hildegarde d’Aurore-Marie Guillaume
« Prêchant et regénérant les âmes fatiguées sur son passage, elle s’enfonce loin vers le nord. elle y découvre un autre monde où la nuit dure plus longtemps que le jour, où le givre couvre encore les branches en plein midi. Peu à peu, son corps s’habitue au froid, son regard s’ouvre à la beauté des paysages et s’émerveille de la manière dont les hommes y vivent. Dans cet univers cristallin, ses visions cessent, car elle ne fait désormais plus qu’un avec la volonté divine. (…) Elle possède un savoir encyclopédique des connaissances de son temps aussi bien en sciences naturelles qu’en médecine. Beaucoup proviennent de ses propres observations qui sont de nos jours encore source d’inspiration, fondées sur une recherche d’équilibre sans séparation entre âme et corps. »
Contemporaine de Bernard de Clairvaux qui fut son protecteur, d’Aliénor d’Aquitaine avec qui elle entretint une abondante correspondance, d’Abélard avec qui elle s’opposa sur une vision purement rationnelle de la foi, Hildegarde de Bingen, religieuse bénédictine, ne cesse de nous interroger par sa nature d’une richesse incomparable.
Du XIIème siècle à 2012, il fallut huit siècles pour qu’elle soit canonisée par Benoit XVI et nommée Docteur de l’Eglise. Grande mystique, elle fait figure de femme d’exception tant la diversité de ses écrits, la multiplicité de ses talents, sa féminité, sa vision du monde, son rapport à la beauté de la nature, son combat pour unir harmonieusement corps, âme et raison, restent des sources d’inspiration.
« Eprouver le bonheur difficile de vivre, c’est rendre grâce à la Création Divine », tel est l’axe autour duquel Aurore-Marie Guillaume s’inscrit pour rendre hommage en un court et accessible essai à cette femme que l’on ne pourrait résumer à cet axiome mais qui en impulse toute l’orientation intérieure. Véritable guerrière de la charité et de la contemplation, elle fit de sa vie un combat permanent contre les hérésies, la raison pure, les souffrances inutiles infligées au corps, mettant en avant sans cesse le nécessaire équilibre des vertus de l’âme et du corps.
Elle meurt à 81 ans, laissant derrière elle une grande notoriété, deux traités de médecine, son célèbre Scivias regroupant les écrits de ses visions, de nombreuses œuvres musicales.
Redécouvrons humblement toute cette sagesse médiévale qui se veut étonnamment moderne, auprès de celle qui, faisant encore figure d’autorité en la matière, fut l’incarnation merveilleuse et visionnaire de cet autre savoir acquis par l’intuition, l’expérience, les sens, la nature.
C’est bien tard que je vous écris pour vous remercier de votre recension de la Vie d’Hildegarde. Je n’ai d’autres excuses que les temps troublés de l’université, une exposition, toujours en cours, sur les femmes philosophes et, il me faut l’avouer, une vraie timidité.
Pourtant, Dieu sait si j’ai été touchée !
A lire les recensions de cet essai (je vous remercie d’avoir su, la première, le qualifier ; ce dont j’étais personnellement incapable), je repense sans cesse au commentaire de Valéry sur le fait qu’un livre est créé également par ses lecteurs. Vous m’apprenez tant sur l’ouvrage lui-même.Un grand merci, donc, pour cette lecture intelligente et sensible,
Hildegarde, savoir, connaître, comprendre. Il est si facile de rompre le lien entre les différents ordres de la connaissance. Hildegarde montre au contraire que ce lien est celui du réel, qui permet d’accéder au logos, du moins dans une demi lumière, celle qui éclaire l’ordinaire des jours.
Hildegarde est à la fois l’ordinaire et l’extraordinaire, bref la simple réalité des jours. Que peut-on concevoir de mieux?
DA
L’humilité est le trait commun des auteurs chroniqués et d’Elvire.
C’est une évidence et pourtant ce surmoi ne devrait pas nous faire oublier l’essentiel.
Ces grandes figures forcent respect et admiration