L’homme mythique

Après quatre portraits de femmes, je décide ce soir de m’essayer aux portraits d’homme.

Avec du recul, c’est amusant que mes amies féminines m’aient inspirée plus spontanément que mon entourage masculin, alors que, je dois l’avouer, je me sens généralement plus d’accointance avec la gente masculine. Je dois peut-être, et fort certainement, mettre cela sur le compte de la personnalité de mes amies si différente de la mienne, qui, par certains côtés, me fascine et leur confère un aspect tout à fait extraordinaire.

Les hommes sont souvent de bonnes amies sans en avoir les défauts, ce qui permet à mon sens des relations tout à fait hors normes, hors cadre, de franche camaraderie, sans jalousie ni comparaison, et mes meilleures soirées de rigolade sont le plus souvent celles que j’ai passées avec mon entourage masculin.

Il serait donc temps de rendre hommage à mes amis, I, dont il est possible de dresser des portraits absolument savoureux.

Et ce soir, je choisis de parler de l’homme « mythique ».

L’homme « mythique », c’est l’homme des films de gladiateurs ou de vikings : une armoire à glace d’1,86 m, 100 kg de muscles (99.5 pardon, il y tient), celui qui lorsqu’il entre dans une pièce entraine naturellement un recul des personnes qui s’y trouvent pour lui laisser de la place (non, non, mes frères, ne vous frottez pas les mains, je ne vais pas parler de vous !), et qui, alors même que sa stature à elle seule suffirait à dissuader les petits freluquets qui voudraient s’y frotter, pratique le Krav-Maga (sport de combat israélien pour les néophytes, et pas le crash manga ou le crack mantra hein patron …).

Pour les filles de moins d’1,60 m (moi ?), l’homme « mythique » est le genre d’homme qui fait vous demander si vous n’êtes pas dans le pays de Gulliver, ou le Hobbit du Seigneur des anneaux, et vous frôlez le torticolis  à force de tendre le cou pour essayer de lui parler en le regardant dans les yeux. Sur ce dernier point, on oublie vite les yeux dans les yeux, en privilégiant la position assise ou celle où vous pouvez prendre discrètement un avantage en montant sur une marche ou un trottoir.

L’homme « mythique » semble impénétrable à la douleur physique, vous ne comptez plus le nombre de fois où il s’est entaillé la main, les doigts, brisé un orteil, cassé le nez, arraché une dent.

L’homme « mythique », est l’ami idéal des sorties : il tient l’alcool comme personne,  aime la bonne chair, ses amis, découvrir de nouvelles choses, de nouveaux horizons, partager sa vie avec un naturel déconcertant et sans filtre, vanter les mérites du camping tout en appréciant une soirée au Bristol, vous trimballe en scooter partout, et joue les parfaits gardes-du-corps dans des quartiers moins fréquentables.

L’homme « mythique » est un ami terre à terre : quand votre esprit vagabonde et que l’envie vous prend de lui partager vos pensées, vous sentez très vite que vous l’avez perdu quand, l’air de rien, il augmente le volume de la radio ou pianote sur son téléphone (ce qui me rend légèrement hystérique…). Mon esprit caustique le dépasse et pour le conditionner en mode « jeux de mots », je dois lever une pancarte pour lui dire « attention, humoooour ».

Car l’homme « mythique » est un ami fidèle et loyal, prévenant et d’excellente constitution. Il se plaint rarement, il est généreux, peut se mettre en quatre pour vous faire plaisir, et a un esprit de famille hors pair.

Lui et moi, ce fut longtemps la Vie est un long fleuve tranquille, enfin pour être exact je me faisais figure dans ses yeux de Mme Lequenois, ou Thérèse selon les jours, vous savez celle qui jure qu’elle n’a jamais couché, ou Marie-Chantâââl qui découvre à travers sa vie les bas-fonds, la violence, le monde de la nuit, l’alcoolisme, les marchés, la drogue, la précarité mais pas dans les livres.

Une enfance et une adolescence qui tireraient des larmes, même des âmes les plus insensibles, mais l’homme « mythique » impressionne par l’exemple exceptionnel qu’il donne, tel un phœnix renaissant de ses cendres.

Autant dire qu’avec mon éducation catholique, mes messes en semaine, mes lectures, mes convictions, ce fut le choc des cultures mais l’amitié fut immédiatement spontanée et très forte.

Car l’homme « mythique » est un colosse aux pieds d’argile. Il aspire à de grands idéaux mais ne sait pas toujours comment les vivre. Il s’égare régulièrement sur des sites de rencontre tout en rêvant d’une vie de famille stable, il se moque des miracles de la bible mais est attiré par tout un tas de spiritualités parallèles, il traverse régulièrement des périodes de doute qui le pousseraient à prendre des décisions contre son propre intérêt et le passage de la quarantaine l’entraîne vers une recherche avide de son être profond.

Le bocal est trop petit, il est temps pour mon ami « mythique » de se jeter à la mer pour donner la pleine puissance de son accomplissement de soi.

Un homme « meetic » en voie de devenir un homme « mystique ».

Un ami de vie.

1 réponse
  1. Hugues
    Hugues dit :

    J’adore la manière dont tu me dépeins. Tu as tout compris. Quoi? ah, ce n’est pas de moi dont tu parles… Es tu sûre? Ah oui sans doute, le sport de combat israélien, à part israélien je ne suis pas sûr de comprendre… Celui dont tu dresses ce portait tendre drôle et profond a de la chance de t’avoir pour amie! Quoi? moi aussi dis tu? Mais bien sûr, moi aussi j’ai de la chance de te connaître et de lire tes billets dont je ne me lasse pas. Tu es unique, mystique et meetic à ta façon, une femme caméléon qui n’est jamais tout à fait celle qu’on croit connaître. Un mystère aussi insondable que merveilleux et qui sonde les âmes comme personne

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