Félix et Elisabeth Leseur de Bernadette Chovelon

« Aller de plus en plus aux âmes et les aborder avec respect et délicatesse, les toucher avec amour. Chercher toujours à comprendre toutes et tous. Fortifier son intelligence ; agrandir de plus en plus son âme. Mettre dans tous mes actes, mes paroles, mes gestes même, une mesure, une douceur qui deviennent l’affirmation constante de ma sérénité intérieure » Elisabeth Leseur

Quel émerveillement que la découverte de ce couple magnifique, brillant, mondain, cultivé, amoureux et qui pourtant ne se rejoignit jamais de leur vivant sur ce qui rendit la vie d’Elisabeth si exceptionnelle et si féconde : la Foi.

En cette fin du XIXème siècle, si ouvertement anticlérical, Félix Leseur, homme d’influence dans les plus hautes sphères politiques et journalistiques, n’eut de cesse de se montrer publiquement athée et de lutter contre les convictions religieuses de sa femme. Ce n’est qu’après la mort d’Elisabeth en 1914, alors tout juste âgée de 38 ans, que Félix, tombant sur son exceptionnelle correspondance et ses journaux intimes, découvrit la richesse de sa vie intérieure et spirituelle.

Il opéra alors une conversion radicale et entra chez les Dominicains où il fut ordonné prêtre en  1923. Il consacra une grande partie de son temps à faire rayonner et faire connaître les écrits d’Élisabeth qu’il publia dans divers recueils qui reçurent tous un accueil incroyable dépassant les frontières de la France.

Comment s’en étonner et ne pas tomber sous le charme et la grâce de cette Élisabeth, figure de femme d’une modernité époustouflante.

Elle nous apprend comment tout en ayant une haute culture, en s’intéressant à tout, à l’art, la littérature, la peinture, en ayant une vie très mondaine, en fréquentant des scientifiques, des philosophes, des politiques, elle peut allier tout cela à un amour de Dieu et de son prochain, dans un respect et une écoute qui touchaient ceux qui la côtoyaient.

Sa plus grande souffrance fut de ne pas pouvoir vivre d’intimité spirituelle avec son époux qu’elle aimait tant et de vivre sa Foi secrètement, pour ne pas le heurter ni être cause de discorde dans le milieu qu’elle fréquentait. Jusqu’à son dernier souffle, elle pria pour sa conversion dont elle ne vit les fruits que de l’au-delà.

« Elisabeth est un exemple pris dans la vie de notre temps. Elle prouve qu’il est possible à une femme, partageant l’existence du XXème siècle, mariée à un incroyant, d’avoir une religion éclairée et agissante, inspirant tous ses actes et la haussant vers les sommets de la perfection chrétienne. (…) Sa vie s’est déroulée très simplement dans l’amour de Dieu et du prochain, dans l’unité confiante de la famille et du foyer, dans l’accomplissement des devoirs d’état, de tous les devoirs, dans l’acceptation de la souffrance physique ou morale, parfois. » Père Gillet

Je n’ai plus qu’un seul désir : dénicher les écrits publiés d’Élisabeth pour entrer davantage en profondeur dans sa vie intérieure.

Il est possible de se laisser rebuter par ce livre, à la lecture des premiers chapitres dont le style semble tout droit sorti de l’époque de la Comtesse de Ségur ou des manuels de savoir-vivre de Berthe Bernage, ce qui peut sembler surprenant pour un livre écrit aujourd’hui, mais ce serait dommage de ne pas persévérer tant l’histoire de ce couple est belle et les extraits des écrits d’Elisabeth Leseur magnifiques.

2 réponses
  1. Hugues
    Hugues dit :

    Billet sur un couple exceptionnel, ou la personnalité de cette femme n’a d’égale que l’amour de son mari. Je pense vraiment que les Elisabeth sont des femmes tout à fait particulières.

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