Les visages pâles de Solange Bied-Charreton

Si comme moi vos souvenirs d’enfance de films spaghettis vous font résonner immédiatement « Visages pâles » avec « blancs », c’est que soit vous êtes trop empreints d’images de cow-boys et d’indiens, soit, comme me l’a écrit l’auteur, il faut être légèrement obsédé par ces thèmes et être dans les milieux « natio » pour que le titre sonne « blanc ».

Je dois donc être légèrement voire énormément obsédée par ce sujet pour y avoir fait un lien direct, surtout quand j’ai pu lire par ailleurs dans des interviews que l’auteur parle dans son roman de Manif pour tous, de mort de l’occident, de famille bourgeoise décadente ; et il a bon dos le « Visage Pâle » surtout en ce moment. Autant de thèmes donc qui ne m’auraient pas spontanément orientée vers le choix de ce livre, s’il ne m’avait pas été recommandé par un ami libraire.

Et effectivement, cela aurait été fort dommage car ce livre est assurément une belle découverte : une très belle plume, un verbe percutant, une critique sociale haut en couleur, des phrases chocs. A travers les portraits incisifs d’une famille bourgeoise que l’auteur décrit comme décadente, c’est la vacuité de ces vies « déshéritées de leur propre destin » qui dégouline entre les lignes où vernis social, actions, métiers, relations, idées ne sont là que pour masquer une désespérance intérieure au sein de conventions vides de sens.

Des visages, « ombres de ceux qui les ont précédés », confrontés à des vies ternes, moroses, absurdes, dépossédées, pâles de leurs désillusions, où même leurs tourments, leurs désarrois sont tellement égocentrés qu’ils en deviennent superficiels.

Ce constat satirique, plein de fougue, brillant intellectuellement et qui peut faire sourire, ou agacer, pour qui connait ces milieux de près ou de loin, signe-t-il la fin de l’Occident comme l’auteur le déclare par ailleurs ? Je ne saurais le dire mais il y urgence il est vrai à retrouver le souffle qui, quel que soit le milieu social, rend à nos aspirations et choix de vie du sens dans les actes qui construisent le monde de demain. Il est vital de défendre la transmission et son héritage culturel et spirituel quand ils s’inscrivent dans une dimension qui nous transfigure et dont la finalité est d’être dans le monde sans être du monde.

Je laisse le mot de la fin à Solange Bied-Charreton qui écrit dans les dernières pages de son roman cette phrase magnifique qui, je trouve, transcende le livre : « Dieu habite le monde qui ne l’entend plus »

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