Savoir raison garder et humilité retrouver

 » La pratique de la lectio divina, si elle est promue de façon efficace, apportera à l’Eglise, j’en suis convaincu, un nouveau printemps spirituel. «  Benoît XVI, le 16 septembre 2005

Je veux bien croire que les Papes, de par leur fonction en tant que chef du Vatican, ont une dimension politique que peu de représentants des autres religions ont.

Je veux bien croire que de par la dimension universelle du catholicisme, les Papes interpellent toutes et tous quand ils parlent.

Je veux bien croire qu’en raison de leur personnalité et de leur statut, les Papes intriguent et sont plus ou moins populaires.

Je veux bien croire qu’en raison de leur formation, de leur pays d’origine, de leur histoire, de leurs prises de position, les Papes nous obligent à nous repositionner et à réfléchir toujours plus avant sur notre Foi et la doctrine de l’Eglise.

Je veux bien croire qu’en tant que personnes dotées de raison, il soit légitime de se questionner pour comprendre telle ou telle encyclique, lettres apostoliques, sermon, livres, propos, discours, etc…

Mais je ne veux pas croire que tout un chacun à notre petit niveau nous soyons qualifiés pour, qui disséquer le moindre de ses propos, qui lancer des anathèmes, qui crier à l’hérésie, qui crier au scandale, qui considérer qu’il s’éloigne de la Doctrine, qui écrire qu’il est sous-influence maçonnique, qui supputer qu’il serait atteint de relativisme, qui estimer qu’il n’est pas apte à choisir ses cardinaux, qui discourir sur les nécessaires rappels qu’il fait sur le respect de la liturgie, qui jauger que remettre la Miséricorde au cœur de l’Eglise  c’est remettre en cause les textes, qui s’indigner parce qu’il prend position sur tel sujet sociétal, qui discourir de l’infaillibilité pontificale.

Ce qui m’apparait comme étant d’une outrecuidance et d’un orgueil démesurés, m’attriste profondément pour ne pas dire m’effare.

Que ce soit de l’intérieur ou de l’extérieur, on retrouve systématiquement le même mode de raisonnement, qui traverse un prisme infiniment étroit qui s’appelle « lorgnette » : on ne voit le monde qu’à travers sa petite personne, et s’il entre dans son moule il est magique, s’il en sort il est à bannir.

Que les gens soient catholiques ou non n’y changent finalement rien, et même si les raisons qui poussent à aimer ou rejeter le Pape diffèrent, les mécanismes restent exactement les mêmes : ceux qui veulent y voir un progressiste le portent aux nues dès que leur cerveau capte telle ou telle parole qu’ils interprètent dans un sens qui leur convient mais ruent dans les brancards dès lors que le discours leur semblera finalement moins ouvert qu’ils le pensaient. Ceux qui au sein de l’Eglise font un arrêt sur image depuis le dernier concile et veulent systématiquement voir les Papes successifs comme des hérétiques, et le Pape François en tête, vont systématiquement décortiquer ses propos, ses attitudes, ses prises de position comme si c’était un homme politique calculateur, sans formation, qui serait arrivé au pouvoir grâce aux suppôts de satan et serait totalement privé de toute vie spirituelle.

En tant que catholique, je ne peux que m’insurger contre ces prises de position intempestives que je trouve profondément destructrices pour l’Eglise. Les commentaires de médias ou hommes politiques totalement déchristianisés et sans culture religieuse, m’attristent mais je leur pardonne de ce fait. Les avis de personnes de mon entourage qui vivent et regardent l’Eglise de loin me touchent davantage car ils sont les premiers témoins de l’image que nous, catholiques, renvoyons, mais sans la Foi, je comprends que les discours de l’Eglise ne sont pas toujours audibles ou compréhensibles.

En revanche, il me parait inconcevable qu’au sein même de l’Eglise, et en tant que catholiques, nous ne fassions pas bloc derrière le Pape et attisions des guerres intestines. Nous pouvons avoir des sensibilités différentes, être plus attirés par le rite extraordinaire que par le rite ordinaire, préférer les tradis aux charismatiques, se sentir plus proche d’un ordre religieux que d’un autre, préférer tels ou tel saints, se reconnaitre davantage dans un Pape plutôt qu’un autre, être davantage touchés par la grâce par tel passage de la Bible là où un autre nous laissera de marbre, emprunter des chemins et embraser des vocations différentes.

Il me semble que l’Eglise à ce titre offre une diversité et une richesse inouïes où tout un chacun peut se retrouver en fonction de ce qui lui correspond le mieux en raison de son éducation, ses aspirations, son cheminement personnel, sa sensibilité, sa culture.

Mais n’oublions pas cette petite phrase que nous récitons le dimanche : je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique.

Cela suppose a minima de conserver sur le Pape un regard bienveillant et d’essayer de comprendre ce qui peut nous chagriner aux premiers abords ou heurter nos convictions rigides comme le marbre, à travers le regard de la Foi. Et si on croit en la force de la prière, laissons parfois nos cerveaux se reposer et mettons plutôt notre énergie à prier pour lui afin qu’il ne flanche pas, compte-tenu de la charge immense qui est la sienne.

Sachons raison garder, et humilité retrouver.

 

 

 

 

 

2 réponses
  1. Gustave
    Gustave dit :

    Ma chère Elvire,
    Comment ne pas adhérer à des propos si sages, à une pensée si brillante qui reflète ce qui me semble être le minimum requis pour toute personne qui se dit croyante, ou pas d’ailleurs?
    Je veux dire, tolérance et humilité.
    Qu’il est facile de commenter hâtivement sans recul sinon celui de son visage face à l’écran de son smartphone, de condamner sans jugement, Le Pape comme n’importe lequel d’entre nous.
    Oui Elvire, tachons de raison garder.

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