Alcione de Marin Marais

Aller à l’Opéra un 7 mai 2017 est un moyen comme un autre de donner du sens à cette date qui crispe un peu sous les ornières.

Point donc ce jour de « suspens » en direct à la télé, de lectures avides des nombreux échanges sur les réseaux sociaux d’un sujet qui rend serein et léger, d’image qui s’affiche à 20h. Point d’élection présidentielle aujourd’hui si ce n’est la petite enveloppe glissée dans les urnes ce matin sous les yeux inquisiteurs de mes enfants.

Le 7 mai fut consacré à faire découvrir à mes trolls l’opéra, au sein du fastueux cadre de l’Opéra Comique qui ouvre à nouveau ses portes après 20 mois de travaux, et entame sa saison sur une création : Alcione de Marin Marais, sous la direction de Jordi Savall, qui s’est fait connaître du grand public pour avoir composé la musique du film Tous les matins du monde.

Bâti comme toutes les tragédies en musique, un prologue et cinq actes, le livret est conçu par Antoine Houdar de la Motte et par le plus fameux violiste de son temps, Marin Marais, successeur de Lully, et grand préféré de Louis XIV.

La création d’Alcione, au théâtre du Palais-Royal (sur l’emplacement de l’actuel Conseil d’Etat) en 1706 fut un véritable évènement et la scène de la « tempête » remporta un succès particulier quant à l’habileté à dépeindre la nature déchainée en utilisant toutes les ressources de la musique savante.

Alcione ne fut pas monté à Paris depuis 1771, autant dire que pour les passionnés d’Opéra, de musique baroque ou même tout simplement de Jordi Savall à la tête de son Concerts des Nations, cet évènement fut très attendu.

D’autant que l’Opéra est un art très complet, alliant orchestre, chant, théâtre, danse, et s’il est possible de connaître d’avance la musique, la mise en scène et la chorégraphie restent toujours une surprise, heureuse ou malheureuse.

Louise Moaty, à la mise en scène, et Raphaëlle Boitel, à la chorégraphie, ont allié leur talent pour nous faire vivre l’art enchanteur de la tragédie sous un angle contemporain, inspiré de l’esprit baroque, à travers les techniques de l’art du cirque. Le rendu est spectaculaire, tellement spectaculaire d’ailleurs que les danseurs effacent parfois les chanteurs qui ont pour certains un peu de mal à s’imposer.

Léa Desandre, dans le rôle d’Alcione, est toutefois remarquable et elle déploie formidablement son talent dans la seconde partie, beaucoup moins trépidante, musicalement mais également chorégraphiquement parlant.

Si je m’en tiens aux regards émerveillés de mes enfants, je me dois de dire que c’est un très bel opéra qui mérite son succès. Les puristes et esthètes de mon entourage ont pu émettre quelques réserves certainement justifiées, notamment sur le parti pris contemporain de la mise en scène ou le manque de direction des chanteurs qui peut les desservir dans des scènes où les artistes sont nombreux sur scène, mais pour ma part, j’ai adoré et l’évènement fut à la hauteur des attentes que j’y avais placées en ce jour.

 

 

 

3 réponses
  1. Dom-Dom
    Dom-Dom dit :

    J’aime aussi beaucoup cette forme de « spectacle musical » et Marin Marais un compositeur parmi mes favoris.

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  2. Granny
    Granny dit :

    A vous lire, chère Elvire, j’ai l’impression d’avoir été moi-même à l’Opéra Comique.
    Merci pour ce merveilleux moment

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  3. H. de T.
    H. de T. dit :

    Magnifique billet, et occasion d’échapper à cette journée électorale, et ses bassesses et excès en tout genre.
    J’ai le souvenir d’un merveilleux opéra à tes côtés, Platée de Rameau sous la direction de William Christie, à l’Opéra Garnier, et qui restera une soirée mémorable.

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