Nunc

 

« Nous ne nous interdirons pas à l’avenir d’être plus attentifs et vigilants. (…) Toujours, il convient de préparer sa mort, c’est la condition nécessaire afin de ne pas avoir à la redouter chaque jour et ainsi être contraint, réduit, limité, dans l’ampleur de son action. NUNC : agir, penser, écrire, créer : en somme composer quelques bouquets pour que la cité s’apaise et se réinvente. Vœu pieu autant que prétentieux ? Naïveté ? Nullement : vœu sage et responsable, contre le fiel de ceux qui, ne choisissant pas, font forcément et malgré eux, le choix du pire, le risque d’un bouquet délétère … » Réginald Gaillard (Responsable de publication de la revue NUNC, liminaire du n°42)

Si une année fut intense à plus d’un titre, c’est certainement celle qui vient de s’écouler tant elle fut l’occasion de rencontres aussi variées les unes que les autres, de questionnements, de quête personnelle, de recherche de point d’équilibre, d’aspirations sans cesse renouvelées, et rares furent les années où j’ai autant souhaité en ce début juillet me mettre au vert, en mode ermite.

Plus que quelques jours à tenir, quelques centaines de kilomètres à parcourir, et bye bye pendant deux semaines la course effrénée, les emplois du temps surchargés, les nuits trop courtes. Se poser tout simplement, vivre le temps présent, sentir les minutes s’écouler, respirer, penser, se retrouver, être soi entourée des êtres qui sont vitaux à notre sérénité intérieure.

La recherche de sa liberté intérieure et de la cohérence de ses paroles et de ses actes a été LA grande quête de cette année et peut-être l’avez-vous senti à travers les quelques billets que je vous ai partagés sur ce blog. Pourquoi écrire me demande-t-on parfois ? Vaste question à laquelle il me serait mal aisé de répondre, car je n’ai aucune prétention à réinventer quoi que ce soit, et il existe des esprits bien plus brillants pour disserter sur tout un tas de sujets passionnants. En revanche, l’analyse et l’écoute des âmes et des cœurs me laissent penser que se sentir heureux dans le monde présent est hautement plus compliqué, tant les aspérités de la vie, l’étroitesse des esprits, les aléas, les contraintes matérielles, le monde qui change, son impuissance à lutter, nous laissent bien souvent démunis. Nous pouvons passer des soirées entières à refaire le monde, à essayer de comprendre comment agir et réagir, lire des quantités de blogs, d’articles, de livres, il y a toujours un moment où face à soi-même, nous nous sentons bien seuls. Et c’est dans cette solitude qu’il m’apparait indispensable de peupler sa vie intérieure d’une richesse telle que le monde extérieur ne peut plus sembler effrayant et nous atteindre aussi profondément.

Dominer plutôt que lutter. Nous ne pouvons pas toujours convaincre, tout changer. Nous-mêmes, nous ne portons qu’une parcelle de ce qui nous semble être la Vérité, et je me rends compte de plus en plus, en me heurtant ou me frottant à mon entourage, à quel point nous pouvons être contre-productifs en ne visant que le but recherché au détriment du chemin de chacun, de sa vie intérieure, de ses combats.

Etre entourée essentiellement de personnes qui partagent peu ses aspirations profondes est intellectuellement et spirituellement épuisant. Pourtant quelle richesse reçue en retombée collatérale quand la différence frontale nous remet sans cesse en toute humilité en quête de l’essentiel qui unit au lieu de diviser.

Je n’ai jamais autant lu et médité avec avidité que depuis que tout ce qui me paraissait naturel a été ébranlé dans ses fondements. C’est dire  si au fond ils étaient bien fragiles.

Comme me le rappelait un ami cette semaine, il y a un temps pour la réflexion et un temps pour l’action, et ce sont bien deux phases distinctes qui, lorsqu’elles se heurtent au réel, révèlent leur puissance ou leur inutilité.

Après la recherche de cohérence, il est donc temps de fortifier les fondements qui deviendront le socle inébranlable sur lequel la variété des infinis pourra s’empiler sans risque de chuter dans la morosité ou la peur.

Les règles, les étiquettes, les convictions n’ont aucune utilité quand elles ne sont pas au service de quelque chose qui nous dépasse et s’impose avec une telle évidence qu’elles n’ont plus lieu d’être et s’effacent tant elles peuvent sembler éphémères voire superficielles.

 « Je suis toujours partagée entre deux sentiments contradictoires : la crainte d’être une ennuyeuse prédicante et de paraître prêcher des choses que je ne fais pas assez moi-même, et ensuite le remords de n’avoir pas avoir fait tout ce que j’aurais dû ». Elisabeth Lesueur.

Eclairer nos esprits pour les mettre au service de la communauté, avec tendresse et bienveillance, une harmonie supérieure qui rend libre sans jugement : telle sera la méditation de cet été et la ligne directrice de la rentrée.

Bel été à tous, et surtout lisez.

Je profite de ce billet pour évoquer cette revue que je viens de découvrir : NUNC dont j’ai pris un bref extrait en guise d’incipit. En cours de lecture, mais je peux dire d’ores et déjà qu’il faut certes avoir le cerveau éveillé mais c’est absolument remarquable. Une très belle entrée en matière pour la fortification des fondements.

 

 

 

 

 

 

 

3 réponses
  1. Philippe POINDRON
    Philippe POINDRON dit :

    Magnifique réflexion sur le sens profond de la solitude, du silence et de la méditation. Jésus sortit de bon matin pour prier ! est-il dit quelque part dans l’Evangile. Notre rencontre improbable sur Facebook est providentielle…
    Je donne lien de cet article dans mon billet de ce jour.
    Bon repos. Pax et bonum

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