L’arrière-petit-fils et autres nouvelles de Jonathan Sturel

« La politique est un jeu excitant lorsqu’il se joue dans les alcôves, les salons et les Chambres et tous ici prenaient volontiers part à ce jeu, mais qu’une flaque de sang macule le sol, qu’un enfant soit étouffé par une foule ou qu’une femme périsse sous l’assaut d’une canne à pommeau dur, et subitement les cœurs s’émeuvent. (…) Personne ne prit la peine de remarquer que Maximilien, qui venait de conter la situation tragique de cette femme, ne lui avait manifestement pas davantage porté assistance que ceux dont il venait de critiquer le comportement pour cette même raison. Malgré son jeune âge, il s’était déjà laissé complètement conquérir par l’esprit salonnard : pour lui, la rue et ceux qui s’y trouvent, peu importe la cause qu’ils défendent et le parti qu’ils prennent, ne sont qu’un engrenage d’une mécanique que l’on commande depuis les coulisses. »

Les amoureux, de la génération actuelle, des livres, des grands auteurs, de l’Histoire et des idées, qui se prêtent à l’exercice de coucher leurs propres mots dans des romans ou nouvelles ont en commun le goût et le désir de nous éveiller à la grandeur de la France telle qu’elle a pu les faire vibrer. Hommage et admiration affleurent dans leurs écrits, mais les meilleurs d’entre eux, sur le plan littéraire, dépassent cette nostalgie palpable pour en faire l’écrin de destinées humaines qui s’inscrivent sans effort dans le monde moderne pour en comprendre les rouages éternels.

Jonathan Sturel, chroniqueur engagé, éditeur (la Délégation des Siècles) d’incontournables de la littérature et de la pensée enracinée, s’inscrit dans cette lignée d’écrivains qui font s’entrechoquer des héros, des saints du quotidien, des idéalistes avec la tartufferie du monde, son cynisme, ses petitesses où chacun se croise, se lie au gré des aléas des milieux qui les façonnent, des terres qui les ont vus naître, des idées qui les modèlent, de la foi qui les transcende ou des vocations poursuivies.

Ce recueil de nouvelles, qui sort à la rentrée, propose des portraits d’hommes confrontés à leur destin, un journaliste au cœur de la IIIème République, un maire anticlérical chargé de rénover une église menaçant ruine, un père de famille inconsolable, un écrivain infatué, un étudiant découvrant chez un antiquaire des décorations de son ancêtre, avec en toile de fond, la Lorraine, si chère au cœur de notre auteur.

Ces nouvelles sont inspirées et inspirantes, ancrées, littérairement maitrisées, et s’il est un regret en tant que lectrice, c’est qu’elles soient peut-être trop courtes ou pas assez nombreuses. Nous voudrions en poursuivre la lecture, nous plonger dans cet esprit français où les valeurs ne sont pas un concept, mais bien des incarnations à faire vivre et fructifier, à transmettre, des forces qui nous meuvent.

1 réponse
  1. Anonyme
    Anonyme dit :

    Parler à son arrière petit-fils: que lui dire?
    Voilà bien un dessein impossible tant nous sommes pris par nos émotions et nos espoirs déçus. Et pourtant cet arrière petit-fils attend pour comprendre un peu de ce qu’il est, de ce qu’il a reçu et qui le fait aujourd’hui. Transmettre et le dire, ou mieux le vivre ce que nous sommes, ce que nous sommes devenus, et nous n’avons rien d’autre à offrir. dans l’ordinaire du temps.
    Il faut, oui il faut beaucoup d’humilité pour paraître et se laisser saisir tel que nous sommes: image incertaine pour nos arrières petits-fils qui pourtant l’attendent et s’en nourrissent.

    DA

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