Les marais de Dominique Rolin
« Il chercha sa mère des yeux : elle était frêle et si sombre qu’elle se confondait avec les rideaux pesants de la fenêtre. Elle ressemblait à un oiseau effrayé. Ses yeux étaient remplis d’angoisse. Alban se demandait depuis combien d’années sa mère vivait dans l’angoisse. (…) Il fut saisi d’un petit sarcasme intérieur à l’idée que c’était elle, ce pauvre oiseau chétif, qui l’avait créé, lui, Alban ; (…) Elle avait chétivement créé des enfants froids et forts. (…) M. Tord avait saisi le fouet qui se trouvait sur son bureau et il le fit claquer trois fois sur les jambes de son fils ; Alban s’écroula sur le parquet. (…) M. Tord balbutia : j’ai toujours fait le bien. Je ne suis pas récompensé ; vous me faites du mal, mes enfants, beaucoup de mal ! (…) Moi, moi, j’ai mis au monde ces pauvres enfants imbéciles ! »
Une femme écrivain, si chère à mon cœur à travers ses mots, a cité tout récemment sur facebook le nom de plusieurs grandes femmes, de grandes femmes de lettres notamment, « assurément toutes différentes entre elles mais qui toutes permettent de mieux lire l’humanité dans son entièreté, et la variété de ses nuances. Avec la lucidité la plus extrême. »