Fromentin, le roman d’une vie de Patrick Tudoret
« Peintre et écrivain… c’est dans cet ordre invariable que le présentent les dictionnaires, mais Eugène Fromentin fut autant l’un que l’autre avec un art subtil qui confine à la grâce. Peintre dans l’écriture, écrivain dans le trait. (…) Chez l’auteur, chez le peintre aussi, tous deux célébrés de leur temps, reconnus à l’aune d’un vrai talent, il y a un désir d’absolu qu’il voulut assouvir (…), une soif de hauteur qui toujours sembla l’animer, lui l’homme d’airain à la sérénité apparente. (…) Pour peu que l’on gratte un peu, il y a une jolie fièvre romantique chez l’ami Eugène, (…) une vive intelligence qui toute sa vie aura couru après deux buts : être un artiste complet (…) mais avant tout un homme libre, intègre, exigent, généreux, paradoxal, qui aura su parfois s’appartenir… »
Mon cher Eugène,
Vous me pardonnerez cette familiarité qui me conduit à vous appeler par votre prénom, mais après avoir passé quelques heures exceptionnelles en votre compagnie, depuis votre prime jeunesse jusqu’à vos derniers jours, il me semblerait faire montre d’une grande froideur à votre égard en vous nommant Monsieur, alors que vous m’êtes apparu fort sympathique, presque familier maintenant, et qu’il me sera désormais possible d’accoler quelques détails supplémentaires aux deux substantifs qui vous caractérisent rapidement au sein d’une époque : peintre et écrivain du XIXème siècle .