Ose la petite robe rouge de Françoise Evenou et Emmanuel Bourceret

« C’est miraculeux, oui. Jamais je n’aurais imaginé tout ce que je pouvais accomplir. A quoi ça tient au fond ? Au regard de l’autre. Celui qui vous dit, tu existes, tu comptes à mes yeux, tu as des ressources inestimables, tu es unique. Se risquer, oser. Elargir la définition que nous avons de nous-mêmes. Remplacer les « je dois » par « je décide », les « il faut » par « j’ai envie ». L’approbation des autres ne devait pas être mon objectif. (…) Toute rencontre que nous faisons dans notre vie ne se passe d’un sens secret. Ces relations d’amitié, d’amour. Certaines durent une vie, d’autres ne sont que des étoiles filantes. Et alors ? L’éclat ne brille qu’un instant, oui mais quel éclat, quelle intensité ! Durée, intensité ? Faut-il choisir ? »

Une faible estime de soi conduit à devenir son pire ennemi.

Vous savez, cette petite voix intérieure qui vous susurre « tu n’es pas capable », « tu es nulle », « tu n’es pas intéressante », cette peur qui vous paralyse et vous laisse à penser que, l’« autre », cette entité qui vous entoure, vaut toujours mieux que soi.

Vous vous trouvez bien quelques qualités, mais elles vous apparaissent si insignifiantes à les « comparer » (mot à proscrire) à celles qui semblent si fabuleuses, si pertinentes chez d’autres, que plutôt que d’en faire le socle sur lequel s’enraciner, elles sont enfouies, mises de côté, voire même piétinées. Vos grandes envolées intérieures se brisent sur le mur de vos doutes, vos élans sont freinés par la peur, vos rêves se dissolvent dans une réalité qui semble souvent subie et l’être fabuleux que vous devriez être se trouve comme étiolé, ailes rabougries et aspiration en berne.

Devenir celle (ou celui) que nous devons être semble toujours une évidence à se figer sur l’apparence renvoyée par certains, au point que l’éblouissement ressenti rende plus terne encore sa propre image par effet miroir (autre mot à proscrire).

C’est oublier cependant que la vie est avant tout une grande aventure de l’émerveillement et de développement de sa force intérieure.  Un long apprentissage qui faisait dire à Etty Hillesum « mes yeux émerveillés ne cessent de lire le grand livre de la vie. Il faut oser faire le grand bond dans le cosmos : alors la vie devient infiniment riche, elle déborde de dons, même au fond de la détresse ».

Cette aventure, cette métamorphose dirais-je même à escient, est le cœur de ce livre à quatre mains écrit par Françoise Evenou et Emmanuel Bourceret. Un roman, un guide ? Difficile à qualifier tant il peut se lire et se relire à plusieurs niveaux, mais ce ne serait pas lui rendre justice que de le classer dans la catégorie « bien-être » en passant rapidement à un autre de même acabit. Il y a quelque chose qui se dégage  de la lecture ce de livre de l’ordre de l’unité de la personne qui va bien au-delà du « bien dans mon corps, bien dans ma tête ».  

Cette phrase de Rodin citée dans le livre, «  Il n’y a qu’une seule beauté : celle de la vérité qui se révèle », est l’axe central autour duquel  se déploie notre héroïne. S’écarter de la surface de sa vie  pour s’immerger en profondeur, s’approprier ses émotions, les laisser vivre, s’autoriser, oser, apprivoiser ses peurs, retrouver son authenticité, son être profond, laisser éclater ses talents, autant d’étapes qui sont à la fois construction de son être et source de vie. Dans cette grande aventure, la littérature, l’art, la musique, les voyages, les rencontres sont toutes ces richesses à notre portée pour qui se laisse saisir, emporter, submerger, émerveiller.

« L’amour d’un être humain pour un autre, c’est peut-être l’épreuve la plus difficile pour chacun d’entre nous » disait Rilke. Apprendre à mieux se connaitre, c’est apprendre à mieux s’aimer. Mieux s’aimer pour mieux aimer. Mieux aimer pour entrer dans la confiance, confiance en soi et Confiance dans la Vie.

Quatre mains qui se fondent en une seule voix pour nous guider vers notre royaume intérieur, lieu de toutes nos richesses, de toutes nos libertés, de notre authenticité, de notre épanouissement afin de mieux s’approprier le monde et s’y incarner sans fard, sans artifice, pleinement et totalement.

Déployer sa force intérieure, révéler les trésors qui sont en soi, s’éveiller, tel est le fil conducteur de ce livre qui vient de sortir et qui met du baume au cœur en ces périodes de grisaille. A consommer avec excès pour tous les timides, les effacés, ceux qui doutent, ceux qui peinent à retrouver leurs sensations oubliées et à connaître leur désir profond.

Osez. Osons la petite robe rouge.

Françoise Evenou a déjà publié deux récits initiatiques, La Rencontre, aux éditions Nouvelle Cité en 2015 et L’Appel des Oliviers, aux éditions Salvator en 2017, deux livres commentés sur ce blog d’ailleurs. Après avoir travaillé au sein de grands groupes internationaux, elle entreprend des études de théologie et de philosophie. Elle dirige ensuite une activité de conseil et de coaching pour accompagner les personnes à déployer leur force intérieure. Elle se consacre aujourd’hui à l’écriture. 

Emmanuel Bourceret place l’émerveillement au cœur de son activité de coach. Son accompagnement auprès des entreprises comme des personnes hautement sensibles et des hauts potentiels vise à faire émerger des récits de vie singuliers, porteurs de nouvelles possibilités et riches de sens. D’abord historien d’art et antiquaire, puis directeur éditorial, il enseigne depuis dix ans le coaching à l’université.

7 réponses
  1. Claire Pénisson
    Claire Pénisson dit :

    Osez, Osons, Oses, Osera…. Un latin qui me va bien !
    Même si le merveilleux de ce livre semble parfois être digne d’un conte de fée alors au choix d’avoir la liberté d’y croire pour se grandir soi, tisser, sans peur, le fil rouge de la confiance en l’autre..c’est ainsi que je l’ai lu, comme un conte qui nous livre une recette sur nos émois universels…

    Répondre
  2. Dom-Dom
    Dom-Dom dit :

    Merci pour ce beau texte. Le regard des autres est souvent destructeur, mais il l’est plus encore quand on l’anticipe, quand il effraie avant même d’exister. Devenir ce que l’on est, sans crainte inutile, s’accomplir en toute liberté, voilà un beau programme de vie.
    Et si l’on ajoute l’œuvre de la Grâce, alors on peut grandir, s’élever bien loin des médiocrités quotidiennes.

    Répondre
  3. eMmA MessanA
    eMmA MessanA dit :

    Ah, cette petite robe rouge, je l’aime, je la veux !
    Je commande de suite ce livre, même si sa lecture m’impose de travailler sur mes mensurations pour entrer dans le bon moule de cet épanouissement merveilleux…

    Répondre
  4. Anonymous
    Anonymous dit :

    Ose, osons elvire. Osons accepter les qualités dont on vous pare, vous aussi de donner un éclairage une envie de partager vos lectures. Ce billet en est une illustration parmi d’autres. Osez elvire.

    Répondre

Répondre

Se joindre à la discussion ?
Vous êtes libre de contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *