Catholiques de tous les partis, engagez-vous ! de Clotilde Brossollet

Catholiques de tous les partis, engagez-vous de Clotilde Brossollet

 « La politique est l’art de gouverner la cité, elle s’incarne ainsi dans des discours, des pratiques et une action rationnelle qui vise l’organisation de la société. (…) La doctrine chrétienne confère une ambition bien plus grande à la politique car, pour elle, la politique n’est pas une nécessité dictée uniquement par la vie sociale, elle découle de la nature même de l’homme. La politique doit être ordonnée au plus grand des biens, c’est-à-dire le bien commun, dont l’essence est non seulement temporelle mais aussi spirituelle. Si le bien commun doit profiter à tous, il doit aussi favoriser l’accession des âmes à la béatitude céleste. La responsabilité politique est donc immense car elle doit prendre sa part dans l’économie du Salut. (…) Les catholiques sont, dans l’espace public, des citoyens comme les autres auxquels incombent les mêmes droits et devoirs (…) mais notre foi fait de nous des citoyens à la double appartenance. »

Ce à quoi nous assistons aujourd’hui dépasse l’inimaginable. Une minorité décriée tente en vain de faire entendre sa voix mais les têtes tombent les unes après les autres par voie de censure, radiation, mise au pilori, interdictions diverses et variées. C’est une déferlante silencieuse qui jette sur les bas-côtés tous ceux qui ne sont pas montés sur la vague.

A l’échelle individuelle, ce sont des drames intenses qui se jouent, des déchirements, et des choix à opérer qui semblaient inenvisageables il y a 18 mois. Il suffit de lire, écouter, voir les témoignages de celles et ceux qui se retrouvent à la marge pour ne pas douter une seconde que le monde est réellement devenu fou. Hier, 15 septembre, les premières suspensions ont été prononcées : pompiers, personnel soignant, c’est un gâchis monumental.

Ce sentiment d’impuissance ne doit pas cependant nous faire désespérer. Ils sont nombreux à résister « quoi qu’il en coûte » et ces oppositions sont autant de grains de sable dans la machine infernale et des bouffées d’oxygène pour ceux qui doutent ou se sentent seuls. Quand le monde se réveillera, il y aura le monde d’après et le monde des dissidents formés de tous ceux qui ont dû, contraints et forcés, redéfinir les axes de leurs priorités.

Dans ce qui se joue, il ne sert à rien d’attendre le héros qui viendra nous sauver : nous sommes tous les héros de notre vie, et c’est le moment plus que jamais de chercher nos talents cachés ou de les développer pour œuvrer à créer un monde qui nous ressemble, des lieux qui nous fédèrent, des espaces de liberté.

Parmi les pistes nombreuses et variées qui s’offrent à nous, j’ai lu cet été un livre de Clotilde Brossollet qui est, outre un vrai coup de cœur, un magnifique plaidoyer en faveur de l’engagement politique. Dans la foulée des chapitres consacrés à rappeler l’importance et l’essence même de la politique au sein de la Cité, Clotilde Brossollet propose des pistes concrètes d’action, ce qui rend l’ouvrage passionnant et incarné.

Au-delà de ce cadre, j’ai pour ma part énormément apprécié ce livre pour la finesse acrobatique dont son auteur fait preuve pour associer catholiques et politique à une époque où très franchement le catholique n’a pas le vent en poupe. Le catholique qui manifeste, le catholique qui donne son avis, le catholique qui vote, n’a pas grand intérêt voire est ridicule aux yeux de ceux qui en parlent et commentent l’actualité.

C’est d’ailleurs une vraie question que cette « donnée » confessionnelle qui vient entraver de fait la légitimité de la personne identifiée comme tel. Dans le monde actuel, j’ai toujours trouvé pour ma part que les catholiques dit engagés n’étaient pas toujours très bons sur ce terrain de la représentativité et je me suis réjouie de trouver sous la plume de Clotilde Brossollet un écho à mon ressenti : les catholiques s’expriment trop souvent en tant que catholiques et non en catholiques, pour reprendre la distinction de Jacques Maritain. Autrement dit, au sein de la cité, le catholique est d’abord un citoyen et sa pensée, son action, sa vision de la société, si elle est certes ou probablement irriguée de sa foi ou de la doctrine sociale de l’église, doit agir en citoyen, certes catholiques, mais en citoyen au service du bien commun.

Alors qu’en tant que catholique, le citoyen qui adopte cette posture laisse entendre qu’il représenterait une communauté, voire même l’institution de l’Eglise, ce qui outre le fait de le discréditer de fait aux yeux de tous ceux qui ne partagent pas cette foi, alimente en sus, au sein des catholiques mêmes, des discordes infinies sur la catholicité des sujets politiques abordés par tel ou tel de sensibilité politique différente.

Les citoyens qui s’engagent en catholiques, et non sous l’étiquette catholique, ont à mon sens une meilleure légitimité pour penser et agir et, dans ce cadre, ont beaucoup à offrir sur la base notamment de la Doctrine Sociale de l’Eglise. Clotilde Brossollet est cependant réaliste. Dans le contexte actuel, l’engagement politique ne peut être efficace qu’à l’échelle locale, où la logique des partis et des étiquettes politiques est moins prégnante. L’opposition systématique également ne peut être féconde, d’où l’idée de penser à des sociétés dissidentes qui peuvent prendre forme plus aisément sur des territoires restreints dans l’intérêt de tous.

Vous l’aurez compris, ce livre est totalement d’actualité, et vient rappeler que la défense de la liberté, de la dignité humaine, de la justice, du bien commun, de la vérité méritent de descendre dans l’arène.

Editrice aux éditions Première Partie et chroniqueuse, Clotilde Brossollet a créé et anime des formations sur l’éthique de l’action politique et la préparation aux élections municipales. Elle accompagne des élus et des candidats dans leur engagement. Elle a également été responsable du développement du mouvement ICHTUS.

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