Romans de vacances
Mes pas m’ayant conduite cet été à poser mes valises auprès d’une abbaye de chanoines du sud de la France, j’avais rempli ma valise de livres spi et denses, de ceux qui se savourent et s’apprécient dans un mode proche du recueillement ou de la méditation.
Je les ai quasiment tous commencés, j’en ai racheté d’autres, un de mes frères les a tous lus, ce qui a suscité de nombreux échanges profonds le soir, mais la présence de mes enfants et d’une ravissante crique au pied de l’abbaye où ils ont passé de longues heures à se baigner et à peindre sur les galets, ont changé mes plans pour privilégier le roman, plus compatible avec ce type d’activité.
Je vous proposerai donc ultérieurement des billets sur ces livres quand ils seront achevés, mais en attendant, et pour les vacanciers du mois d’août, voici tout de même quelques ouvrages qui devraient vous ravir.
Etrangers et de passage de Michael D. O’Brien
« Pendant des années, sans soupçonner ce qu’elle faisait, elle avait recherché une retraite à l’abri des conflits, désiré le confort d’un humble bonheur humain et celui de se sentir acceptée. Il lui avait fallu presque toute sa vie pour réaliser qu’elle ne trouverait jamais de refuge dans ce monde, qu’elle appartenait à une petite race errante de protestataires qui criaient contre l’extinction de la lumière. (…) Elle finit par apprendre que pour se battre, il faut connaître son ennemi et aimer passionnément ce qui doit être préservé. »
Ceux qui lisent mes billets depuis quelques temps connaissent mon penchant pour cet auteur inclassable dont les romans ont une telle puissance qu’elle ne peut que dépasser celui qui les écrit (cf. ici) . Bien plus que des romans, ce sont de véritables épopées de la vie intérieure, de ses tourments et de ses aspirations à la rédemption, un appel à la grâce à travers la vie telle qu’elle se présente. Ce livre vient de sortir et constitue le premier tome d’une trilogie se situant en Colombie Britannique et retraçant sur un siècle et 4 générations la vie d’Anna, fuyant la vie civilisée d’Angleterre, et de son mari Stephen, trappeur dans cette province reculée du Canada.
Je ne suis certainement pas très objective en parlant de ce livre de plus 550 pages, mais je peux vous dire qu’il est dense, profond, et que pour ceux qui aiment lire à travers les méandres de l’âme de ses protagonistes, c’est une pure merveille.
Les insouciants de Peter Behrens
« Tout cela se déroulait avant que moi, comme le reste du monde, ayons pu voir un demi-siècle de films sur la police secrète et les nazis, la brutalité d’hommes ordinaires « honnête » en uniforme, aussi n’ai-je pas bien déchiffré la situation, je ne connaissais pas le synopsis. Mon esprit n’arrivait pas à comprendre ce qui se passait. Mais ce qui avait commencé par être une journée comme les autres devenait au fur et à mesure plus sombre et plus folle. (…) Oui j’avais peur. Je faisais plutôt bonne figure, mais en for intérieur j’étais terrorisé (…). J’étais un lâche, voilà un constat que je trouvais dur à avaler. Il fallait que je lutte contre ma propre nature. »
Chaudement recommandé par mon libraire il y a quelques mois, ce livre a été lu et dévoré les trois premiers jours de mes vacances. Fresque historique balayant la première guerre mondiale, l’Irlande secouée par l’IRA, la montée du nazisme et de l’antisémitisme et la seconde guerre mondiale, le destin croisé de nos personnages nous montre combien insouciants nous sommes et vite rattrapés par l’Histoire nous devenons. Raconté à la première personne, ce livre est celui de nos choix, de nos lâchetés, du regard que nous portons sur les évènements qui nous échappent et notre histoire personnelle, de nos engagements et de nos décisions.
Un roman brillant, érudit, et qui rend humble face à l’Histoire.
La série chinoise de Peter May
Dans un tout autre registre, Peter May est un auteur que j’apprécie aussi particulièrement. Je lui avais consacré un billet d’hommage il y a quelques temps en raison de ses magnifiques romans dédiés à l’Ecosse (cf.ici). Je n’avais pas encore lu sa première série policière (6 romans) située en Chine, et ce fut désormais chose faite (les trois premiers tomes, pour être exact).
Ils n’ont pas la densité de ses livres plus récents, mais ayant là également un regard assez subjectif en raison de l’affection toute littéraire que je porte à cet auteur, je tiens à souligner, pour les amateurs de polars, qu’ils sont toutefois remarquables ne serait-ce que par l’analyse tout en finesse de la Chine, à la fois pleine de traditions et avide de modernité. Entre Margaret Campbell, médecin légiste américaine, et le Commissaire Li à Pékin, deux mondes et deux cultures s’affrontent, l’occasion de voyager tout en faisant bronzette.
Limite – N°7 – Revue d’écologie intégrale
Et pour finir, le dernier numéro de la revue Limite consacré au Temps de vivre.
Une revue dont je vous ai déjà parlé également, qui compile beaucoup d’articles courts, sur des thèmes variés, avec des auteurs d’horizons divers.
A contre-courant de l’époque, à consommer sans modération, ne serait-ce que pour rester vigilent et l’esprit alerte.
Un peu léger pour ceux qui préfèrent les articles de fond, mais un excellent outil pour donner envie de se replonger dans la mémoire de penseurs aujourd’hui oubliés ou mis de côté, et voir le monde qui nous entoure autrement.
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