Mes cadeaux du Ciel

S’il y a bien une chose qui reste pour moi une source d’émerveillement permanent, ce sont mes enfants.

Étant habituée à vivre entourée de familles aux nombreux enfants, et ayant eu moi-même quatre frères et sœurs, les enfants m’ont toujours semblé quelque chose de très naturel et plus jeune, je ne m’imaginais pas autrement qu’entourée de bambins.

Peut-être que si leur venue au monde n’avait pas été aussi spectaculaire, mon rapport à mes enfants aurait été très différent. Mais outre le fait qu’au final il ne nous a pas été si facile que ça d’avoir des enfants, il est fort probable qu’à une autre époque ils n’auraient jamais vu le jour. Enceinte, j’ai manqué de les perdre plusieurs fois, entre hôpital et maison, il a vite fallu que je reste alitée.

Et pourtant, pressés de voir le jour, j’ai malgré tout accouché à 6 mois de grossesse, entourée d’une vingtaine de médecins, infirmières, équipes de néo-nat, sages-femmes …. En salle d’accouchement, je me souviens que le médecin nous avait dit que si ça se passait mal, ils ne réanimeraient pas mais que s’ils criaient en sortant, alors ils auraient des chances de s’en sortir …

A presque 1 kg chacun, autant dire que mes jumeaux n’étaient pas bien gros, et à peine sortis de mon ventre, ils ont été emmenés immédiatement, enveloppés dans des sacs pour qu’ils ne refroidissent pas.

Je n’ai pu les voir que le lendemain.

Nés un 21 juillet ce n’est que le 17 septembre que nous avons pu les ramener à la maison.

Étonnamment sur le moment, je n’ai jamais été terrifiée à l’idée qu’ils puissent mourir, ou avoir des séquelles. J’allais les voir tous les jours à l’hôpital, je les portais, les lavais, les habillais, les massais, priais avec et pour eux, et je notais tous les jours les précieux grammes qu’ils prenaient et nous rapprochaient de leur survie, leur autonomie, leur sortie. Ils étaient nourris par sonde, branchés par des fils à des machines qui faisaient « bip » en permanence, les quinze premiers jours on ne pouvait les toucher qu’en glissant une main dans les trous latéraux de la couveuse. Il  fallait nous couvrir de la tête aux pieds de charlottes et de blouses, nous désinfecter les mains ainsi que tous les objets qui entraient dans les couveuses.

C’est incroyable quand on y pense cette capacité de résilience dont on peut faire preuve sur le moment.

Et pourtant, j’en ai vu des mamans qui ont perdu leur bébé. Une avec qui je partageais ma chambre d’hôpital lorsque j’étais dans mon 5ème mois de grossesse, puis d’autres en service de néo-natalité dont les bébés n’avaient pas survécu.

Ce n’est qu’après, une fois le combat terminé, que je me suis écroulée et que j’ai réalisé le miracle extraordinaire qui s’était opéré, leur envie de vivre, leur ténacité, leur courage. Le pédiatre lui-même nous avait dit qu’il avait rarement vu des enfants si petits si bien s’en sortir, aussi rapidement avec aucune complication sur le long terme. Il m’a fallu quelques années pour arriver à en parler sans pleurer, au point même pendant quelques temps de ne plus me souvenir de mon accouchement. C’était devenu un trou noir.

Ces circonstances toutes particulières de leur arrivée de notre vie ont porté mon cœur et mon regard sur eux dans une immense humilité et dans un grand cri d’action de grâce. Pas un matin ne s’est écoulé sans que je ne considère ces enfants comme étant un cadeau magnifique, un cadeau du Ciel.

Les mois, les années s’écoulent et chaque jour, chaque soir, je reste emplie d’émotions quand je les vois, quand je pense à eux, quand je les vois grandir.

En tant que parents, il est d’usage de dire que nous éduquons nos enfants mais ce sont eux qui nous éduquent quand leur soif d’amour, de pureté, de spontanéité entrent en résonance avec nos âmes et nous poussent à nous élever toujours davantage.

Ces chemins que nous gravissons ensemble au sein d’une famille, en écoute et confiance réciproques, avec un amour infini et délicat, sont source d’un enrichissement inouï et d’une joie inégalée.

J’espère n’en être jamais blasée …

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