O temps ! suspends ton vol …

Les heures avancées de la nuit, sur fond de musique ce soir de Bruckner, la 7ème symphonie pour ne pas la nommer, sont celles que je préfère.

Funambule de la vie je me fais souvent figure, tant l’impétuosité du temps qui passe nous bouscule en vain tout au long des heures qui s’écoulent en journée. Je m’attache farouchement à déceler dans chaque instant la lumière qui peut se dégager de toute situation, de toute rencontre, et s’il est vrai que j’en retire une forme de joie intérieure, je me sens le plus souvent vidée physiquement par un excès de sollicitations qui me grignotent lentement mais sûrement.

Est- ce le propre des personnalités de base 6 (cf. ennéagramme dans l’onglet rencontre) que de batailler sans cesse contre soi-même ? Le sentiment étrange de vivre bien souvent à côté de son propre corps, comme si le cerveau fonctionnait sur les tâches à accomplir et son esprit divaguait dans des sphères parallèles.

Je n’ai jamais vraiment aimé le réel et pourtant il est bien présent. Pour mieux m’en détacher, je l’affronte, accomplis ce qui me semble devoir être fait et repars rapidement dans mon monde intérieur. On pense souvent du coup que la vie pour moi est simple car je l’expédie rapidement, et d’autant plus efficacement que je ne tiens pas à ce qu’elle prenne une trop grande emprise sur moi. Ceci est particulièrement vrai au travail où dans des temps records je me vois changer de casquette sans sourciller là où d’autres mettraient certainement beaucoup plus de temps. Et j’ai longtemps cru à tort que j’étais aussi ainsi dans ma vie personnelle, donnant bien souvent l’image de quelqu’un de dur, de fort, d’imperméables aux émotions. Peut-être le suis-je par certains aspects mais dans la grande sphère des archétypes, j’ai navigué longtemps  jusqu’à l’épuisement contre vents et marées pour trouver ma place, pour arriver enfin à me poser d’un coup en août 2016…

Je savoure donc désormais davantage ces heures suspendues où face à moi-même, au cœur du silence d’une ville qui s’endort, à la lumière tamisée des éclairages de la nuit, les âmes se dilatent, les corps se détendent et l’esprit se repose, ouvert à s’imprégner de la magie d’une musique qui bien souvent est rattachée à des moments, des situations, des amis, ouvert à partager les mots d’un écrivain qui nous touche et contribuera à apporter sa petite pierre à l’édifice de son château intérieur, ouvert à la méditation parfois tout simplement.

S’endormir en se remémorant les instants partagés d’où jaillissent des étincelles qui s’embrasent quand on apprend à se délecter de toutes petites choses simples qui font le sel de la vie.

2 réponses
  1. Hugues
    Hugues dit :

    Billet magnifique, pour ceux qui te connaissent, dont j’ai la chance infinie de faire partie, Elvire se dévoile côté pile et côté face.
    Celle du jour et celle de la nuit, celle qui court la journée, celle qui rêve éveillée dans son monde intérieur accessible à quelques privilégiés seulement. Les deux sont indissociables et forment l’être rare et complexe qui nous gratifie de ces réflexions, billets, nouvelles, critiques emplis de grâce. Merci ma chère Elvire d’être celle que tu es.

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