Tombée du nid et Petit à petit de Clotilde Noël

« Je souhaite que tout le monde puisse rencontrer ces enfants. Que chacun ait la chance d’échanger avec eux. Qu’il se laisse aimer. Qu’il arrive à percer leur mystère pour se laisser guider vers leur bonheur sans limite. Ils sont la clé qui manque à tous ceux qui réfléchissent trop pour vivre ou vivent trop pour réfléchir. Ceux qui oublient d’entendre leur cœur battre. Ceux qui ont tout matériellement, mais qui ne sont pas comblés, qui courent toujours pour attraper ce qui leur manque. (…). Le chromosome surnuméraire est comme un accent circonflexe sur le génome, (…) comme le mot âme avec son chapeau qui l’élève. »

 Chère Marie,

Une fois n’est pas coutume, je termine les deux livres de ta maman en ayant une folle envie de t’écrire à toi personnellement.

D’habitude, quand je lis des livres qui me touchent, j’écris des petits billets que je publie sur mon blog afin de partager les joies et les réflexions qu’ils m’ont inspirés.

Mais ce soir, exceptionnellement, je ne me voyais pas résumer les deux livres de ta maman « Tombée du nid » et « Petit à petit » comme si c’était de simples romans ou des essais littéraires.

Ce qu’écrit ta maman, c’est une immense lettre d’amour et l’amour, cela ne se résume pas, ça se vit.

Mes amis me disent souvent que je fonctionne beaucoup trop avec la tête. Je dois donc certainement faire partie de ceux que ta maman appelle « ceux qui réfléchissent trop pour vivre ». J’ai beaucoup ri quand ta maman décrit la scène où quelques invitations lancées à droite et à gauche ont entrainé 250 personnes le jour de ton baptême et que ton papa, l’apprenant, a cru attraper une syncope en pensant immédiatement à « quid des toilettes, quid de la pluie, quid, quid, quid …. », et ta maman, ne comprenant pas sa réaction, qui parle de « confiance ». Moi, tu vois, dans la même situation, je rêverais d’être comme ta maman, mais j’aurais réfléchi immédiatement comme ton papa, et il aurait fallu que je me conditionne intérieurement pendant des jours pour que le cœur l’emporte sur la raison, et que les considérations matérielles ne l’emportent pas sur l’essentiel.

Tu comprends donc, petite Marie, pourquoi les personnes qui sont toute émotion, qui vibrent avec leur cœur, qui détiennent le secret des joies simples, qui savent créer de grands bonheurs avec des petits riens, sont des êtres précieux et j’ai cru comprendre que tu en faisais partie.

Ton « accent circonflexe » fait de toi un être singulier, particulièrement riche, nous dit ta maman, mais il faut reconnaître que tu es tombée dans une sacrée famille. L’amour dégouline entre chaque ligne, et chacun de tes six frères et sœurs, ton papa, ta maman t’ont réservé une place en or.

Tu étais attendue dans cette nombreuse famille si soudée, si pleine d’amour qu’elle en avait encore des litres à déverser sur un petit être abandonné. Et tu es arrivée, après deux ans de procédures, de rendez-vous, d’entretiens, de refus. Cette attente qui a semblé si longue, si fastidieuse, parfois même désespérante, a pourtant préparé chacun d’entre eux à la patience, à l’humilité, à l’amour vrai.

Ta maman décrit si bien tout cela, avec une telle sincérité et une émotion palpable à chaque page, qu’elle nous livre une leçon de vie magnifique qui a su toucher beaucoup de cœurs, beaucoup de familles qui n’ont pas toujours vécu comme une chance d’avoir naturellement des enfants à particularités. Des témoignages se sont mis à pleuvoir, des amitiés se sont soudées, un réseau s’est mis en place, et c’est ainsi que tu as été portée à ma connaissance.

J’ai donc dévoré les deux livres de ta maman, j’ai même déjà prêté le premier à un ami qui en a été tout bouleversé.

Je peux te confier que les petites histoires de la deuxième partie de « Petit à petit » ont été ce soir une occasion très émouvante de parler du handicap avec mes enfants de 9 ans. Ma fille s’est emparée du livre qui trainait sur la table pour nous lire à haute voix quelques récits, j’ai eu droit à des rires, des sourires, des gorges serrées, des  « oooh », « aaaah », « qu’elle est jolie Marie », « ils sont finalement plus près du ciel ces enfants car ils n’ont pas la capacité de penser à de mauvaises choses », «nous aurais-tu abandonné si nous aussi … »

La lettre de Gaspard « le roi des chochottes » a emporté la palme de l’émotion mais il faut dire que nous le suivions depuis longtemps déjà, et que sa plume (sous la dictée de son papa et l’inspiration de sa maman) les a beaucoup amusés …

Tu remercieras ta maman de la superbe carte dédicacée où tous les bras réunis de tes parents et six frères et sœurs forment un cœur autour de ta si jolie bouille et celle de la dernière arrivée, la fragile Marie-Garance, récemment Tombée du nid elle aussi.

Je t’embrasse tendrement

P.S : l’intégralité des droits d’auteur est reversée à des projets en faveur de l’accueil des plus fragiles via l’association Tombée du nid. Ne vous privez donc pas, lisez, savourez, offrez.

https://shop.tombeedunid.fr/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 réponse
  1. Gustave
    Gustave dit :

    Quelle belle idée que de choisir de lui écrire! J’ai lu ce témoignage magnifique  » tombée du nid » les larmes aux yeux devant tant d’amour, tant d’intelligence face à une  » différence » qui je l’avoue m’effraie. Ce témoignage est bouleversant.

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